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Le titre de l’album est choisi avec soin. On se trouve en effet dans un moyen-métrage musical : le générique, le scénario, les interprètes, les ambiances sonores, le choix du montage (soit l’enchaînement des titres), plus un fauteuil confortable dans lequel l’auditeur s’installe pour partir en voyage. Une parenthèse de suspense qu’exhale « California Shine », une montée en climax avec l’emphatique « June », la ballade happy-end de « C’est ici »

Pures interprétations de ma part, ces quelques impressions sont peut-être dûes à l’accent indéfinissable que prend la voix de Talisco (mais pas les chœurs), la voix sur laquelle deux effets monstrueux et vintage ont été superposés sur le troisième titre de Cinematic, mon préféré au début du dernier album de Talisco. Le synthétiseur, la voix, et surtout la guitare comme Brian May aimait à la caresser : dans toutes les positions du Kama-Sutra rock.

Cette guitare se fait gainsbourienne sur « L’ Amour est beau » (quatrième titre). Le chant serait-il grunge quant à lui ? Il rappelle davantage les voix de certains chanteurs hardos - ce qui est louable - ce qui nous laisse à penser que Talisco a écouté davantage de hard rock, à la Queen j’entends, que de rock tout court. 

Cinematic est le quatrième album de ce groupe à part dans le panorama (panoramique ?) musical hexagonal. Grande séductrice à ses heures, aimée par la télé, par la pub surtout, la musique de Jérôme Amandi (aka Talisco) n’en est que plus frontale, honnête et nous emporte vers des paysages inconnus, parce que fictifs. « (…) avec la force stoïcienne de celui qui sait qu’il est au milieu du cosmos, tout petit, qu’il ne changera pas l’ordre des choses, mais qu’il lui appartient de savoir jouer de ce qui est plus fort que lui. » (bonjour Albertine révise la philo pour son bac !). 

Cette citation n’est pas tirée d’un film de baston avec Chuck Norris dans le rôle du BG qui explose tous les zonards de l’auberge autour du billard central (Breaker Breaker, 1977) mais d’un ouvrage de Charles Pépin sur l’échec. 

Loin de moi l’idée de qualifier Cinematic d’échec, point du tout. Mais en ce que nous échouons à le classer, cet album en est plus intrigant et plus « fantasmatic »Cinematic ou la fissure par laquelle entre une lumière inconnue dont l’attraction ne se tarit pas au fil des écoutes.