157 petits kilomètres séparent Paimpol (son port, sa pluviométrie élevée, Moundrag) de Douarnenez (son port, sa pluviométrie élevée, Komodor) mais les musiciens de Komodrag & the Mounodor privilégient les voyages longue distance, et plus particulièrement vers l’âge d’or du rock prog psychédélique, une Californie 70s mythifiée à coups de guitares fuzz, de basses rondes et d’orgue Hammond, en témoignait l’impeccable ballade It Could Be You, que nous évoquions en ces pages le mois dernier. Avec leur premier album - Green Fields Of Armorica, tout un programme -, le soyeux septet nous offre un classic rock réjouissant, à l’instar de l’introductif Marie-France qui, de riffs énervés en claviers vrillés, nous contamine par un enthousiasme que l’on devine authentique. Car oui, si carte postale vintage il y a, réminiscences de Jefferson Airplaine, de Creedence Clearwater Revival et Carlos Santana à l’appui, n’oublions pas qu’elle a été postée en Bretagne, en 2023. Les huit titres de cet opus riche en arrangements ourlés – la (super) production sonne, c’est indéniable – laissent toute la place au chant : ils sont quatre à se passer le micro, rejoints par Claudia Gonzalez et Maëlle Puligny, et donc c’est une orgie de vocalises, puissantes, précises et, surtout, contagieuses. Par ailleurs, en vikings modernes, Komodrag & the Mounodor ne se contentent pas d’aborder les rives de la psychédélique côte ouest du pays de l’Oncle Sam, leur fringuant vaisseau de feu jetant l’ancre dans la Mersey (The Beatles) ou au confluant des quatre rivières se rejoignant à Hertford (Deep Purple). Pièce de choix, avec le titre Green Fields Of Armorica, qui frôle les dix minutes et dont l’ambition orchestrale impressionne, parce que jamais le groupe ne perd le fil de son propos un peu fou : il y a de l’opéra rock dans l’air (enfumé). Sans ambages : cet album est une tuerie et c’est de pied ferme que l’on attend les Bretons, pour la release party programmée à La Maroquinerie le 16 novembre prochain.