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Une soirée de rêve :, ciel bigarré couchant sur un Montmartre délié, à l’issue de laquelle, à la volée, je pose quelques mots tandis qu’en moi, à minuit et des poussières, décantent marques d’affection et amis retrouvés, me félicitant d’avoir arpenté pavés rincés et naïves ruelles touristiques, jusqu’à la galerie La Moulinette, sise rue Lepic, pour le vernissage de la première exposition de Gildas Secretin, aka GWL Graphisme, auteur de visuels des fameuses compilations ADA mais également des superbes affiches du Festival Invisible, et qui par ailleurs musicalement nous enchante / émeut / surprend depuis des années, au travers d’albums ciselés, mélancoliques et néanmoins galvanisants, que je vous recommande chaudement : au creux du cœur de l’amateur de chansons françaises pop vénéneuses, il y aura toujours de la place pour Garden With Lips, dont le si beau Magnolia, cinquième album publié par L’Église de la Petite Folie, éclaira une année 2022 en berne.

Exposition, vernissage, foule amicale de retour d’agapes estivales et vins qui coulent à flots, sur un fond musical qui mériterait à lui seul une chronique enamourée (alone, face aux œuvres exposées, tandis que les ivrognes bavassaient sur le trottoir, j’ai ressenti la grâce – l’espace livrant sa nudité bâtimentaire aux expérimentations sonores élaborées par Gildas, tout autant qu’aux visuels offerts au regard intrigué, perte de repères, je plane et ne pense qu’au présent, l’ensemble se mariant avec une jumméléité évidente).

Ces paysages imaginaires, concrétions d’une verticalité impossible, à base de panoramas déconstruits et reconstruits sur des axes improbables, sont des trompe-l’œil qui réveillent en nous l’architecte nourri de trop de logique : il faudra s’en passer, sachant que ce n’est pas l’unique viatique éclectique de l’exposition – portraits fragmentés de David Bowie, évocations dépareillées de visages parcellisés, lignes souples et courbes, à la sensualité discrète, jamais ostentatoire ni contraignante, à chacun de choisir son chemin dans les méandres harmonieuses offertes au regard.

Cerise sur le gâteau, Marie Pierre nous a proposé, dans la foulée de son fabuleux Beyond The Apex, un show-case shamanique – il faut dire que les deux amigos avaient très fructueusement collaboré sur le dernier album de Garden With Lips et que leur amitié est belle à voir ; pour ma part, je me réjouis de cette aptitude qu’à Gildas de réunir des chouettes humanoïdes, que ce soit par des dîners toujours exceptionnels (ce type cuisine comme un dieu, mais O grand jamais, non, ne l’interrogez jamais sur les tomates ou les poulpes) ou des présentations de bon aloi (ça change de « t’es ki toua ?.. » et « toua » tu réponds en parlant de ton boulot dont la terre entière se contrefout), d’une manière (l’estomac) ou d’une autre (la sociabilité), avec Gildas, on est toujours gagnant.

Samedi prochain aura lieu une lecture musicale, et le samedi suivant, pour le finissage, Gildas se propose de donner un concert à l’os, c’est à dire au diapason de sa pratique guitaristique (pas d’accords plaqués, mais des ponctuations soniques) et de sa façon libertaire de chanter le spleen d’être et ne pas / plus / pas encore / on ne sait jamais / pourquoi pas encore un peu / ou à jamais non / même si pourquoi pas / être : à l’instar de Michael Stipe, Gildas se fiche involontairement de la métrique. Certes il s’agira de pop, mais à l’image des rêveries graphiques exposées, la liberté en apesanteur sera à l’honneur et pour peu que vos existences soyeuses vous guident jusqu’au 81bis rue Lepic, vous ne serez pas déçus du voyage. Let’s go !

RENDEZ VOUS J’USQU’AU 15 SEPTEMBRE 81 bis rue Lepic




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