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L’affreux quatuor fluo-dance-pseudo-punk Late of the Pier, originaire de Castle Donington (toute petite ville anglaise moche située dans le Leicestershire), a baissé les armes (ou les bras mous) (qui les regrettera ?) mais son leader, Samuel Eastgate, poursuit son odyssée musicale au travers du projet LA Priest, dont il délivrait au printemps dernier le troisième album – Fase Luna –, nourri de pérégrinations en terres solaires (Mexique et Belize), après une fructueuse collaboration avec Connan Mockasin, dans le cadre du dispensable side-project Soft Hair.

Après Inji (2015) et GENE (2020), le bricoleur expatrié (Samuel aurait construit une boîte à rythmes unique, à partir de 150 circuits électroniques… ah ah, je dois avouer que je suis sceptique, étant jeune je démontais et remontais tout ce qui me passait sous les mains, téléviseurs, synthétiseurs, aspirateurs, fusées spatiales et tanks sous-marins, et je peux dire que rien, même pas la bombe nucléaire, ne nécessite autant de composants ; je suppose que personne ne s’ennuiera jamais à vérifier les dires d’un chevelu épanoui aux mâchoires sexy, c’est tout le problème avec les « artistes », on prend leurs viatiques débiles au premier degré, et on se retrouve à relater les délires de flemmards inventifs), présenté ici et là comme un « génie pop », se pointe dans l’indifférence générale qui caractérisait déjà Late of the Pier.

Je vous relate la story pure et dure telle que Samuel Eastgate nous la vend : du Pays de Galles à l’Amérique Centrale, le monsieur soul et funk et pop, et dont les solis de guitare sont du mauvais Dire Straits, a pris un avion et bâti des claviers avec ses doigts agiles et même rencontré un super batteur (Carlos Gabriel Favela Manzano) qui sonne comme une boîte à rythmes.

La voix est plate et les mélodies banales, dans un registre post sixtites ennuyeux au possible : il se passe quoi chez Domino, label pourtant hautement honorable à une époque lointaine ? Rien à sauver dans cet album, qui est l’exégèse de la banalité mélodique et instrumentale, et qui n’a pour seule qualité que sa bienvenue brièveté.

J’ai une (petite) théorie sur le sujet, qui vaut ce qu’elle vaut, et certainement pas grand-chose : des saloperies de groupes tels que Tame Impala et Metronomy ont tellement affadi la pop moderne que depuis la fin des 00s la forme (accords fluides et faciles) a pris le dessus sur le fond (tierces, ruptures, dissonances), portant au pinacle le swing guindé de la pop blanche au détriment de l’écriture.

Alors certes, il y a pire que LA Priest, dont le caractère anecdotique ne touchera personne, sauf à l’ennuyer ou l’irriter, mais avec un tel nom de projet, on espérait un truc plus tranchant, par exemple un crossover entre les L.A. Guns et Judas Priest., Le morceau conclusif est vraiment bon et beau, mais son titre (No More) résume l’inanité de l’exercice : bidouiller n’est pas composer, composer n’est pas bidouiller, et ni l’un ni l’autre ne marche main dans la main, hormis sur les longs et ennuyeux sentiers de la flemme.




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