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À quoi ça sert la musique ? À quoi ça sert les autres ? Y a-t-il une force dans la diversité ? Nos différences ethniques, raciales ou religieuses sont-elles une source de richesse à craindre ou bien à célébrer ? Ça existe le mektoub ? C’est quoi l’arabe dialectal ? Quand je suis arrivée à Paris à l’âge de 24 ans je ne me posais aucune de ces questions. Non, je me suis simplement jetée sur tous les couscous gratuits du vendredi soir, c’était souvent rue de Clignancourt, en face du Clair de Lune, c’était aussi dans le 20ème, bref j’étais incollable sur toutes les bonnes adresses, ça m’a pris pas mal de temps mais je suis parvenue à atteindre mon but : manger des quantités de bons couscous gratos dans des endroits sympa. C’est que je venais de quitter Rouen et ses bars débiles, dans lesquels nous les étudiants en art ivres de rêves et jamais rassasiés d’ivresse tout court, on dansait avec des Algériens trop cool qui peuplaient le quartier de la Croix de Pierre. Une nana m’avait montré comment nouer une écharpe sur mes hanches pour danser comme à Biskra. Autant vous dire que ça avait donné un résultat très médiocre, j’y avais d’ailleurs mis pas mal de mauvaise volonté. Y avait des baby-foot partout et la déco des bars était souvent marron.

Je suis pas mal nostalgique de cette époque maintenant que j’ai plein de traites à payer et trois enfants à charge. Vous voyez ? Et surtout je n’avais pas repensé à ça depuis des années. Ce qui s’est passé ? Une seule écoute de l’album de Mazalda a suffi pour me faire voyager vers ce lointain passé.

Alors si vous aussi vous en avez assez d’être vieux, figurez-vous qu’il y a un antidote à ce type de réminiscence absurde et néanmoins tragique de notre jeunesse insouciante et envolée pour toujours. L’antidote s’appelle Mazalda. Ça fait longtemps que le groupe existe et joue, et sort des albums, sauf qu’avant on était jeune et on faisait pas gaffe. Maintenant c’est Mazalda les stars : soit Yann, Adrien, Stéphane et Lucas. On trouve pas mal de guitar hero dans le jeu de Stéphane Cézard, qui oeuvre aussi à la mandoline, et au saz. Le saz, c’est l’instrument des ménestrels en Turquie, c’est une sorte de luth si vous voulez (en tout cas c’est Wikipedia qui le dit). Y a plein de trucs que j’aimerais vous dire : que j’adore le synthé, ou le fait que je regrette que Mazalda soit de Lyon donc trop loin de chez moi, que Rachid Taha me manque, que j’aimais bien quand les chansons de Natacha Atlas passaient à la radio, mais voilà, Mazalda fait danser tous ces fantômes-là pour moi, alors ça va mieux, beaucoup mieux.




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