Elle, pour elle. Je ne sais pas qui elle est, mais alors que mon elle à moi vient de me quitter définitivement ce disque pour elle résonne en moi, à la fois comme une aide à tenter de rendre l’absence supportable, et pour moi de tenter de m’approprier une part de son univers à elle, que j’ai longtemps dénigré, pour au final revenir dessus avec plus que de la tendresse, au moment de lui dire adieu, à elle.
C’est Grégory Duby derrière Solah. Guitariste bruxellois, croisé chez K-Branding, Zoho ou Secte, il réalise ici un double hommage. A Derek Bailey, guitariste improvisateur, qu’il aura la peine de ne jamais avoir vu sur scène, lui qui sortira en 2002 un album du nom de « Ballads » sur lequel il interprétera des standards du jazz à sa façon. C’est en s’influençant de cela que Gregory Duby rendra l’hommage principal, celui pour elle, en reprenant des chansons qui traversèrent sa vie à lui et à elle. Ici, les mélodies sont celles de la musique populaire du dernier quart du vingtième siècle, épurée à l’extrême pour n’en faire ressortir que l’absolu nectar, nous faisant tomber en pâmoison à l’écoute du « Paradis Blanc ». Transfigurant le « Madame » de Claude Barzotti. Emmenant « Un Homme Heureux » de William Sheller dans des aspérités plus aérienne, débarrassant l’ensemble des titres, des textes souvent lénifiant (« Mon Vieux » transfiguré).
En rendant hommage, Gregory Duby se pare de son jeu de guitare le plus précieux, donnant à son instrument une force et un magnétisme tel, qu’il redonne vie à des mélodies que nous pensions écraser par le poids des ans, mais aussi celui des préjugés. « Ballades » s’écoutera en pensant à elle, un lien reconstruit sur les fondations une matière improbable, trouvant ici un lieu de retrouvailles aérien. Pour Elles.