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Il aura fallu attendre que le monde se taise, donnant aux bruits de la nature le premier rôle de cette société qui ne fait que se spectaculariser, pour que Sparkle in Grey mette fin à vingt années de silence oral, donnant au chant le droit de s’épanouir dans l’univers musical varié et curieux du groupe de Matteo Uggeri et Alberto Carozzi (qui chantera sur « At The Gate »).

Comme nous l’avons tous fait pendant le confinement, car l’avenir nous inquiétait, nous nous sommes plongés dans notre passé, mettant les mains avec gourmandise dans les malles dans lesquelles nous rangions des créations dans l’espoir qu’un jour elles allument en nous quelque chose. C’est dans son répertoire que Sparkle in Grey a fouillé, piochant dans des morceaux publiés ou non, confiant ces plages instrumentales à des interprètes aux univers multiples.

Il en découle un disque qui à l’instar de l’artwork (superbe) réalisé par des enfants avec une fraîcheur une naïveté que nous jalousons, illumine notre route dans un monde plein de contrariétés, ne les éludant pas, mais faisant de celles-ci un sel liant le chant et les compositions de Sparkle In Grey.

Les moments sont parfois fragiles, mais s’arrimant à une sorte de grand-voile pleine de force évocatrice (« Subhuman Logic » avec Kiddycar). « From the Dub Air », ce morceau élaboré en 2009, joue sur une corde sensible et le spoken world affirmé et sensible de Deborah Arnold, nous emmène dans des sphères que seul Winter Family a pu nous emmener ces derniéres années. Avec « Mevlano (shorter) » Reem Soliman est comme une cendrillon à qui on offrirait la plus belle chanson pour sa voix et son chant. Maisie, elle, se love sur « Parlare Con Gli Oggetti », s’accaparant le morceau datant de 2018 pour s’en faire un terrain de plaisir et d’inspiration débordante. Et le disque avance ainsi, fait de rencontre magnifique comme ce « The Politicians Song » avec Bambino Africa, un moment de poésie et de pragmatisme face à la situation de certains pays africains, sans être désabusé, mais avec l’envie de changer les choses d’un continent qui dérive (comme le morceau) sans l’appui de la tectonique des plaques.

En se clôturant avec « Addio » en compagnie de Vasco Viviani, Sparkle in Grey supporte une anaphore signée du regretté François Cavanna, « Salut Ritals », nous laissant dans un état de sidération après le moment très fort et intense qu’est « Shorter Vulcanian Ears » avec Le Forbici du Manilu.

C’est donc grâce à un monde fermé que Sparkle in Grey s’est ouvert, instaurant non pas un dialogue, mais une fusion entre des univers qui ne demandaient qu’une chose...se rencontrer. Attention, addiction contagieuse.




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