Skøpitone Siskø sortait récemment son deuxième Ep, Kaleidoskøpe. L’habit ne ferait pas le moine, parait-il ? Ce nom de scène et ce titre vont pourtant fort bien au projet d’Elouan Jegat (bien connu de nos services et en Bretagne des arpenteurs de scènes locales pour ses participations actives au sein du Thomas Howard Memorial, d’Elk Escape ou encore Fingers & Cream). A eux deux, ils résument à ravir tous les attraits et atours cinématiques que revêt cette musique.
Quand Elouan crée discrètement Skøpitone Siskø, il y a dix ans au lycée, ne partageant ses créations qu’avec un cercle restreint de proches, il n’est pas certain qu’il se doutait qu’elles atteindraient un tel niveau d’élégance et de complexité. Ni qu’il les jouerait sur scène, accompagnée d’un véritable groupe (Baptiste Le Solliec aux fûts, Ugo Héon aux claviers et Vincent Roudaut à la basse).
Une décade passée à écumer les salles de concert et à faire des disques ça forge un tempérament et donne des idées. Ajouter à cela une ouverture d’esprit doublée d’une curiosité exacerbée, et on comprend pourquoi et comment la musique de Skøpitone Siskø a pu se transformer pour arriver où elle se trouve aujourd’hui. Sur le haut du panier.
Avec une minutie mélodique, une force évocatrice d’une chaleur rassurante et un goût sûr et affûté pour les formats qu’on dira "classique du genre" (une maîtrise rare à un tel niveau d’excellence pour une personne si jeune), Jegat signe avec Kaleidoskøpe, six titres aériens et voluptueux qui nous rappellent que l’érudition n’est pas une ennemie. La candeur non plus.
Et surtout que le classicisme des formes qui ici flirtent avec la pop psychédélique, la folktronica et l’indie rock, n’est en aucun cas un frein à l’indépendance d’esprit. Autant de vertus que porte et assume la musique ambitieuse de Skøpitone Siskø. Vivement la suite.