Voici un EP qui fait du bien, qui rend tout joyeux, hilare, énergique, et parfois un peu crétin (c’est un compliment). Mais de Normcore, nous n’en attendions pas moins. Depuis 2015 et l’EP Magic Johnny, et surtout le fracassant titre Morning Thoughts, nous restons fideles à ce commando parisien. À raison : de plus en plus libre, Normcore, loin de certaines joliesses d’antan, se fait dorénavant plaisir – et fait plaisir.

Six Pack : six titres sous haute influence Weezer, Pavement et Pixies. Cela s’entend. Cela manquait. Car si de nombreuses formations puisent aujourd’hui dans les spirales hachurées de Stephen Malkmus, dans la pop bruitiste de Rivers Cuomo ou dans la souplesse hardcore de Francis Black, encore faut-il maîtriser son sujet. Plus encore : cette généalogie exclue l’idée de connaissances et de savoir musical. Pour fonctionner, elle n’exige qu’une seule chose : la sincérité des tripes, du corps, le besoin de faire cracher une guitare.

Groupe qui se moque éperdument du bien faire, Normcore, de par sa logique du bordel dompté, communique le principal : un enthousiasme. Il est facile de se laisser happer par des mélodies à la cool, surtout quand les grattes vrombissent avec un sens, finalement mathématique, du souple / dur. Ce genre de musique possède néanmoins une ampleur supplémentaire lorsque les compositeurs, comme chez Normcore, communiquent une éclate. Non pas au sens festif – nous savons bien que l’amusement est toujours trompeur – mais littéral : détruire pour mieux reconstruire des mélodies joyeuses, placer un accord inhabituel au moment le moins convenu, fracasser la beauté par un accès de rage (ou l’inverse)…

Normcore adore se montrer respectable, avec un sourire en coin, une private joke derrière les bonnes manières. L’éclate consiste également à feindre le sourire, comme hier Weezer, pour mieux s’introduire, et détruire, les bonnes manières. Courtoisie de l’anarchie.