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C’est parfois difficile d’aborder certaines chroniques. Même si on se dit que c’est comme une évidence, que la musique nous parle, il y a ce je ne sais quoi qui nous fait tergiverser, tourner autour et rebrousser chemin. Tentons de contourner par la face ouest, exposée aux vents marins mais moins difficile d’accès.

Ainsi, on a découvert Émilie Zoé de façon fortuite il y a 2 ans au détour d’une vidéo aux accents de Shannon Wright, avec un thème entêtant et un regard hypnotisant. Elle avait tourné en boucle un moment.

D’autres vidéos live attisaient notre curiosité. Comme à notre habitude, on était impatient de la découvrir sur scène. Quelques mois plus tard, l’occasion se présentait et confirmait la première impression : elle créait son univers à grand coup de guitare rageuse (ou intimiste), la voix assurée et intense, une batterie toujours à l’affût en soutien.

Après un EP et un 1er album (Dead-End Tape) à la sauce DIY, et une économie de moyens, souvent limité à voix / guitare tendance lofi, laissant parfois sur notre faim, ce nouvel album allait-il laisser transparaître l’énergie développée sur scène ?

Sobrement intitulé « The very start », comme s’il s’agissait pour elle d’une étape majeure, d’un vrai départ, ce 2e album reprend les choses là où elle les avaient laissées : dans le dépouillement. Ici, point de grosse production ni de saturation à outrance (encore que, mais on en reparle plus tard), l’ossature des morceaux repose sur un élément : la guitare, électrique ou acoustique, parfois le piano, des rythmiques qui ne veulent pas déborder, et quelques arrangements ou chœurs enveloppants. Elle nous distille l’essence de sa musique, de ses histoires, sans en rajouter, nous laissant libre d’imaginer ce qui se cache derrière ses mots, ses évocations.

Sur cet album, Émilie Zoé nous propose une collection de chansons tristes, quelque part au croisement de TvB et Shannon Wright (s’il faut vraiment situer), avec une voix toute en retenue, caressante, parfois comme légèrement voilée. Elle se fait multiple aux allures de chorale sur A fish in a net et Tiger song - voir d’ailleurs la vidéo de cette dernière live en studio : https://www.youtube.com/watch?v=IX_.... La guitare souvent entêtante, en arpèges répétitifs s’insinue progressivement pour ne plus nous lâcher : nous voilà alors pris au piège dans cet amas de titres sans échappatoire. Parmi ceux-ci, on en retrouve 2 précédemment entendus : Loner auparavant joué à la guitare et dont la version piano / orgue est du meilleur effet, et le fameux Nothing stands dans une alternative plus introspective, comme une envie de ne pas trop lâcher les chevaux, de ne pas tout donner, de ne pas tomber dans l’évidence d’un indie-rock explosif. Sur The barren land, un début tout en nappes de voix se termine dans la sursaturation et la lourdeur… Sailor enfin, qui termine autant l’album que les concerts en finit de nous convaincre, à terre, ou plutôt perdus en pleine mer, dans une boucle sans fin : « I can’t stay, because I age, my feet hurt, should I sail away ». Entêtant on vous dit.

Émilie Zoé entre directement dans la cour des grand·e·s avec cet album intimiste, où la tension souvent sous-jacente donne une matière dense. Elle crée une connivence avec l’auditeur, comme si ces chansons n’étaient destinées qu’à nous, qu’elle nous les chantait au creux de l’oreille, avec une proximité pleine de douceur, qui nous donne envie d’y revenir.




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