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C’est via ce genre d’albums que l’on comprend pourquoi Morrissey refuse catégoriquement d’un jour reformer les Smiths. Le comeback d’un grand groupe n’incite qu’à la nostalgie ou à la pitié – seul Television, les Go-Betweens ou Echo and The Bunnymen ont poursuivi le chemin avec dignité. Aujourd’hui, entre des Stone Roses bons pour l’hospice et un Blur qui récite les leçons d’antan, 2015/2016 commencent à ressembler à un forcing des années 90, au refus de tranquillement laisser perdurer les légendes. Et à une tentative inconsciente de saloper notre jeunesse.

Les Pixies, avec Head Carrier (qui succède au pas très glorieux Indie Cindy), ne provoquent aucune pitié, juste de l’indifférence. Francis Black aimerait jouer avec la nostalgie du fan, lui faire avaler des couleuvres comme si Trompe Le Monde datait d’il y a deux ans. Ainsi, dans cet album incolore et inodore, tout ne renvoie qu’à l’âge d’or du groupe (âge d’or révolu, faut-il le préciser) : "Baal’s Back" est une version fatiguée de "Rock Music", "All I Think About Now" lorgne sans pitié vers "Where Is My Mind", "Classic Masher" tutoie le trop imposant "Wave Of Mutilation"…

Un cirage de pompes nostalgique qui passerait volontiers si seulement les compositions suivaient. Or, cette évidence : l’inspiration a déserté les Pixies. Trop accrochés au passé (même la nouvelle bassiste ressemble à un duplicata de Kim Deal), les gentils lutins de notre adolescence peinent dorénavant à saisir un refrain accrocheur, une ligne de gratte qui provoquerait l’excitation. Ici, tout est plat. Pas nul, non, pire encore : inexistant. À peine "Tenement Song", par sa belle souplesse, se permet-il de réveiller l’ancien fan de sa léthargie. Pour le reste, il s’agit du comeback le plus inutile de tous les temps.




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