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Enfin.

Enfin ?

Enfin le premier album, enfin en vinyle, enfin une durée plus longue pour une distorsion du temps plus forte. J’avais déjà chroniqué un de ses disques, et les plus assidus de nos lecteurs (ceux à la meilleure mémoire aussi) s’en souviendront peut être.

Alors ok Jan Morgenson est un ami, c’est sa musique qui m’a rapproché de lui. Et en effet il me remercie personnellement sur cet album (fierté quand tu nous tiens, ombre du narcissisme primaire). Mais avant d’invoquer le conflit d’intérêt, sachez que ce n’est que pour un forfait mineur : il m’a gratté une paire de micros. That’s all folks.

Enregistré dans son alcôve, produit en famille (Specific recordings, what else ???), cet album arrive à point nommé pour couronner les concerts de plus en plus fréquents et emprunts de ce grand petit homme. Je connaissais quelques morceaux, quelques thèmes, mais l’ambiance de ce disque apporte autre chose car il l’a enregistré comme il joue : en solitaire.

Et c’est de cette source que se dégage sa force. Car si Jan Morgenson peut s’inscrire dans une scène (american primitive), ce qui caractérise le plus cette même scène est la liberté, et elle demande de développer sa personnalité musicale proportionnellement à l’économie de moyens (rappel : un mec, une guitare, rien d’autre). Chercher la richesse dans la simplicité, faire le plus avec le moins. Ce n’est plus une question de courage à ce niveau, c’est une question de conviction voire de dévotion. C’est ce qui vous ouvrira à une polyphonie des sentiments.

Il est un point où les références n’éclairent plus vraiment. Encore une fois, on peut toujours classer la musique, mais ici ce sont les intentions derrière qui comptent. On peut tout faire dire à cet album, tant on ne saura jamais vraiment ce qui peut se passer dans la tête et les doigts d’un type pour mettre une telle présence dans le peu. La dévotion pure, et je le connais assez pour savoir que je n’exagère pas, amène la magie à l’auditeur. Car oui c’est magique d’entendre autant d’endroits sans voix pour les dire, sans effets pour les suggérer. Jan Morgenson fait de la musique comme Win Wenders a su faire du cinéma. Tout y est signifiant.

On pourra le qualifier de blues, mais ne vous attendez pas à entendre une pentatonique scolaire. C’est le blues qui a coulé dans les veines des pionniers, pas celui qui se limite à une théorie de solfège à en devenir une caricature. Son blues est spirituel, expression personnelle d’un mal universel. Il peut s’orientaliser, s’américaniser, il n’a aucune frontière car le blues est l’expérience collective la plus forte.

La richesse de ce disque, c’est qu’il aurait pu naître n’importe où. Et en quelque sorte il est un peu né nulle part, dans une impasse près d’un chemin de fer (tout a du sens non ?). Maintenant il vous appartient, faîtes lui faire le tour du monde, beaucoup le reconnaîtront comme une évidence. Parce qu’au final, dans mes écoutes en boucle de cet album, c’est le mot qui m’est apparu. Ce disque coule comme une évidence, et recommence comme une nécessité.




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