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Quand on me dit, aujourd’hui, qu’il n’y a pas de renouveau dans la scène française, que nos héros passés s’embourgeoisent, je renvoie mon interlocuteur à sa paresse, à sa curiosité filandreuse.

Qui d’Alma Forrer ? de Baptiste Walker Hamon ? Qui du défrichage des amis de la Souterraine ?

Chez Matthieu Poupard et ces "Canaux", il y a ce curieux mélange de classicisme qui ramène au plus noble de la Variété (Delpech, les premiers Berger) mais ici mixé avec quelque chose de la musique primaire dans ce qu’elle a de foisonnant.

Parfois, on sera désarçonné par ce jeu des registres (et c’est tant mieux) mais la puissance singulière et particulière des 4 titres finira de nous convaincre.

"Lune Rousse" tout en folk apaisé métamorphosé en un Flamenco beugleur. On retrouve cette même gouaille sans emphase qu’on aime tant chez Baptiste Walker Hamon, ici dénudé de ses obsessions nord américaines, ici ajouté d’une envie de ne pas nous ménager, d’oser le trivial et la rudesse.

"D’autres, luisantes

de transe sudorifère,

Attisent l’incendie sacré,

Chantent à la gloire des chimères

Des paillardises en numéraire.

Et des plateaux de cervelle tiède

Sur des colosses aux yeux bandés

Défilent devant le trône.

Et Attila plonge sa main grasse,

Se lèche les doigts tout en riant. "

Chant habité dans "Palais des glaces", tropiques désaxés dans un "Carnaval Cannibale" qui se déroute dans l’improvisation.

Matthieu Poupard nous plonge dans l’infini de ses canaux où gisent les péniches souveraines avec cette soif de la rupture et de l’immaîtrise des choses.

Ecouter Matthieu Poupard, ce n’est pas rentrer dans une activité plaisante, immobile, inactive. C’est bien plus que cela, c’est déranger ses points de repère, accepter l’inconfort.

C’est se rappeler que de rentrer dans l’univers d’un artiste relève encore parfois de l’effort, parfois éprouvant, parfois difficile mais que finalement au bout du compte, on finit par y trouver ses coutures, s’y sentir chez soi, par comprendre ces chansons de voyages lointains et intimes, ces pérégrinations à l’intérieur d’une tête sans contrôle, d’une humeur libertaire.




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