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Le label Specific Recordings aime les allers retours au très prolifique pays de Sangoku. Ils y ont signé une édition vinyle de Charisma.Com pour la France, deux faux anges qui chantent leur haine en distillant un electro-rap sautillant.

Quand j’ai reçu l’album Ai Ai Syndrome pour le chroniquer, j’étais hésitant. Et c’est principalement ce sentiment qui m’a donné envie d’essayer. Je suis trop souvent en terrain connu (mais jamais en pilote automatique) et j’avais besoin d’être un peu décontenancé, hors de ma zone de confort. Alors que je l’écoutais dans le train au casque j’ai vu mes voisins m’observer étrangement : je croyais pourtant headbanger discrètement en écoutant "Hard". Il était 7h30 du matin sauf dans ma tête. Ce tube electro hip pop (pas trouvé mieux) a eu raison de mes doutes et réticences. Je n’ai pas ressenti ce groove depuis l’époque où la grosse bassline était mon obsession, quand j’adorais la french touch, ce simulacre d’A.O.P pour remplisseurs de rayons et journalistes peu inspirés. J’avais besoin de beats discoïdes, de rythmes simples et puissant et voilà que cet Ai Ai Syndrome m’offre des titres hautement inflammables où le flow rajoute de l’huile sur le feu avec une inventivité renouvelée à chaque titre. J’aime d’autant plus cet album que je n’étais pas forcément parti pour, confirmant que les plus glorieuses conquêtes sont construites sur des doutes.

Les titres seront d’une efficacité redoutable en live avec les enceintes poussées jusqu’à l’overdrive. Mais nous ne pouvons pas résumer cet album à cette expérience. Les maniaques de son pourront donc aussi s’amuser à décortiquer les couches sonores, le mixage virtuose et les crossover. J’aimerais voir Dave Clarke avec ce disque dans les mains. Si j’ai mis l’accent sur le groove et la basse il ne faudra pas pour autant oublier les refrains accrocheurs qui témoignent d’une ambitieuse écriture pop. J’imagine un public débridé (hihihi) et en transe les reprendre en chœur. Le disque sait partir vers une esthétique hip hop sophistiquée et référencée et le soin apporté au chant et à ses entrelacements cadre aussi ce format chanson avec ses variations qui trouveront leur point d’orgue sur la seconde face.

Si "Hard" vous a assené un bon coup, "Automade" vous achèvera en ouvrant cette seconde face qui amène le côté le plus funky 80’s du disque. Je reste scotché sur les tubes d’autant que le clip de "Hate" manie l’anti style avec maestria. Si le reste m’a moins soulevé c’est surtout parce que je ne suis encore que peu familier avec l’univers très large de la J-pop. Certains titres étaient pour moi des portes d’entrée que j’ai écoutés avec l’oreille de l’anthropologue, histoire d’affuter ma curiosité. Et l’approche hip hop de ces deux faux anges qui dirigent leur projet intégralement (compos, mix...) rend l’expérience encore plus détonante.

Ai Ai Syndrome est au final un combiné de ce qu’il faut pour que j’adhère tant à la démarche qu’à son résultat et que le syndrome soit contagieux.




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