Ceux qui ont essayé un jour de faire l’alchimie parfaite de la haine et de l’amour ont touché du doigt le plaisir, beaucoup (trop) d’entre eux en sont resté là, a ce faire plaisir entre poésie et colères, entre caresse et griffure profonde, les Killing jokes des années 80, les Mission uk et quelques autres, au risque de se bruler au bucher des vanités, du bout des ambitions intérieures, ont été jusqu’à trouver l’or de leurs idées, l’art. Bien sur, ce sont des acrobaties difficiles, des jonglages téméraires, qui finissent souvent en trompe l’œil éphémère, le temps d’usure d’un microsillon sur une platine d’adolescent confondu. Mais voila, j’aime voir frôler les cordes les funambules inconscients, et j’aime ces sons graves, profonds aux rares éclaircies, rendues plus intenses par ces tonnes d’obscurités qui enveloppent les instruments de ces âmes de cirque. Fils de heavy qui ont lu Baudelaire sur le tard, rejetons des Wagner qui sont tombés électrifiés sur l’ampli Marshall, poètes d’asphalte perdu dans les bois de Brocéliande, j’aime ce mélange de douleur et bonheur, clair obscur musical.
Zéro absolu marche sur ce fil tendu entre une falaise romantique et un mur de cimetière, abusant de toutes leurs connaissances musicales, dragon a cent tètes, diamant a cent facettes, et c’est un abus nourrissant, une fusion agréablement audible, car plus d’un a inventé la cacophonie en se voulant Heavy, plus d’un a crée l’inutile au nom du métal, et tant ont bafoué les notes an érigeant l’électronique aux autels des mélodies. Cet album est une balance bien jaugée, un équilibre heureux, pas chanceux, je dis bien heureux (dans son ténébrisme bien sur), où chaque instrument joue autant le rôle du vilain et du héro, même la voix, capable du lisse comme du rugueux, tout est a l’image de Berlin, créatif et dur, doux et destroy, autant teuton qu’expressionniste. Je ne doute d’ailleurs pas du travail soignée, d’un tout fortement étudié, il est sur que ce n’est pas le premier opus de ce groupe, mais dans leur jeunesse encore présente, on trouve un sérieux gout du juste, du jusque là et pas plus loin, pas trop, du soufre, de l’acide, mais sans toxique, du sensible, de la prose, mais sans trop, le tout en reflet sur chaque note, chaque incursion électro, chaque riff, tout rythme, tout grave, un objet pensé et ciselé qui m’a rendu mes années d’ado enflé de doute et rebelle, un baiser de Berlin qui creuse autant qu’il envole, une alchimie parfaite, qui a découvert l’or.