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Depuis que j’ai quitté les bancs de la Fac, et bien plus encore depuis que je suis un heureux père de famille, je me suis imposé de ne plus toucher à la moindre drogue, sauf les quelques produits autorisés par l’état. Plus une seule cigarette qui fait rire, plus de substance pouvant rendre belle le pire petit boudin qui bloquait le passage dans les couloirs du lycée. On a bien essayé de m’en refiler depuis le temps, certainement pour abuser de moi, mais probablement pour me prendre en photo sous une fausse contrainte avec un T Shirt de Coldplay sur le dos. J’ai résisté, jusqu’à ce soir, et l’écoute du nouvel opus de Susumu Yokota.

Maitre de la musique électronique, Susumu passe un cap avec « Kaleïdoscope » celui de dealer de son, dealer d’un son qui va vous emmener dans les entrailles d’un Tokyo, des entrailles étranges, peuplés de monstres, de comédies musicales cheap, de scènes de ménages sans vaisselle cassée. En 16 morceaux, et plus d’une heure, je suis devenu le passager d’une hallucination auditive, un grand trip sans aucun effet d’infra basse. Les morceaux ne s’entrechoquent pas, ne se répondent pas, ils semblent se plier les uns sur les autres, sans aucune épaisseur. On est jamais loin de l’univers de Lynch quand des applaudissements ne viennent de nulle part comme au début de Inland Empire. On est par contre aux antipodes de l’electro françaises en casques intégrales. Le vocoder fait partie intégrante des deux, chez Susumu on s’oublie vraiment, on ne donne au son. Pour ce grand trip, pas d’égo, la volonté perceptible, de donner à l’écho une chambre fantastique, de donner à l’électronique une dimension plus organique, même dans un milieu que l’on perçoit urbain.

Voilà la descente se fera alors que le marchand de sable sera passé, lui le premier a nous avoir donné un aperçu de l’usage des psychotropes. La Lune aura changé de couleur, les yeux auront comme vision, la même que celle d’une mouche, mais le plaisir de retoucher à un plaisir interdit, fera de ce disque un retour implacable vers une ailleurs séduisant, car fictif.




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