La frigidité éditoriale pourrait rapidement nous contraindre à mettre la clé sous la porte, ou à nous lancer dans des diatribes aussi stériles qu’onanistes sur des disques ayant la particularité de souvent ne plaire qu’à leurs auteurs. Alors tant que nos deux mains seront libres, nous pourrons taper sur nos MacBook (Apple sauve le monde) histoire de créer des phrases, pour parler de disques qui certes paraissent suivre une locomotive, mais après tout nous sommes tous les enfants de quelqu’un. Donc pour Monster, certes on pensera irrémédiablement à Cat Power, une version du « What would the community think », moins neurasthénique, plus chaloupé, moins sclérosé par des textes écries par une plume plantée dans la mort. Non Monster a des atouts autres. Chez Alexandra Johnstone si la mélodie prend les rênes, ce n’est pas pour les laisser tomber. Dans la façon de chanter il n’y a pas de résignation, les mots sembles des gourmandises, comme des framboises que l’on accumulerait dans la bouche pour les croquer d’une traite, quitte à se colorer le menton d’un rouge piquant. Chez Monster, le monstre c’est certainement l’auditeur qui se coaliserait sur « Pink Sky », une chanson que Feist révérait d’écrire dans un élan de simplicité retrouvé. Monstre de ne pas voir en « Shoes of slave » la petite merveille entêtante que l’on rêvait d’enfin entendre pour y déloger les roboratives lignes d’Animal Collective. Monstre de ne pas entendre dans « We Shot It » des réponses après lesquelles David Eugene Edwards a entamé des recherches. Monster ce n’est pas juste une fille, une guitare et ses carnets de pleurs, c’est la naissance d’un songwriter éloquent et jamais sclérosant. « World Go » en est la fin, vous voyez peut être pourquoi. Allons tous écouter le monstre.