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Une vraie belle leçon de musicalité, que nous offre sur son premier album éponyme le trio belge Gravas, qui avec inventivité transcende le minimalisme assumé de son instrumentarium – sonorités bourdonnantes, motifs répétitifs et fièvre rentrée, aucune tension artificielle, effets de manche ni murs de décibels : sur les treize compositions de Gravas, on donne dans l’organique, dans le sensible, le lumineux, on fait de l’épique avec peu, à l’instar de l’inaugurale I’m on Earth, intense mélopée dont la sauvagerie rentrée rappelle PJ Harvey, ou de la complainte Queen Evelyn, portée par des percussions et une basse saturée, dont le réjouissant final western, tous chœurs dehors, fait dresser les poils – Nick Cave apprécierait. La première partie du disque est captivante, les chansons glissent et s’enchaînent : la ballade folk Is It The Moon (ligne claire à la Moriarty, guitares scintillantes, voix qui s’entremêlent, beauté apaisante) ; l’irrésistible incantation Teepees et son pont instrumental agrémenté de sifflets et de respirations ; la poignante La Vieille, dont la mélodie évoque un chant des partisans à bout de souffle. Les membres de Gravas le savent, une chanson, c’est d’abord une pulsation, et autour de cette pulsation initiale, on bâtit l’univers. Il faut dire qu’Aurélie Gravas, Françoise Vidick et Marc A. Huyghens ne sont pas nés de la dernière pluie : Aurélie, par ailleurs peintre, œuvre sous le patronyme La Femme d’Ali ; Françoise a accompagné des artistes tels que Zap Mama, Adamo et dEUS ; Marc fut le leader d’un des meilleurs combos belges de sa génération, Venus – c’est un plaisir que d’entendre à nouveau son chant doux. Quand les trois harmonisent, délices ! Le reste de l’album paraît moins convaincant, mais nous pourrions mettre ça sur le compte de l’effet coup de poing dans la tronche : jusqu’à La Vieille inclus, un sans-faute, ensuite, à partir de Jean Brusselmans (lit de cordes pincées, un petit côté Tarnation), vague impression de dispersion, voire de remplissage, pas grave, Gravas n’en reste pas moins excellent, ne serait-ce que parce qu’il nous rappelle qu’on peut faire beaucoup avec peu, et ça, c’est un truc que – malheureusement – trop souvent les musiciens oublient.




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