Kieran Hebden n’est pas un personnage obscure. Il confie lui-même être quelqu’un de plutôt heureux dans la vie et çà se voit dans la musique instrumentale qu’il produit depuis maintenant quelques années en solo, après les trois albums sortis par son premier groupe Fridge. La découverte de chaque nouvel album de Four tet est agréable car il s’agit d’un jeu de cache-cache entre beats déstructurés, acoustiques ou digitaux, et samples d’instruments divers (guitare acoustique, glockenspiel, etc….). On a donc affaire à un esthète de la bricole, avec une certaine facilité à nous faire ressentir ses émotions, sur le vif… Si le premier morceau verse dans un big beat nous rappelant les Chemical brothers de " Block rocking beats " avec un penchant pour les détails qui tuent, la suite nous rappelle davantage le magnifique deuxième album " Rounds ", avec ses flûtes espiègles et ses rythmiques manipulées jusqu’à plus soif. Jubilatoire et diablement efficace sur le dancefloor. " Sun drums and soil ", peut-être un hommage à Sun Ra, entreprend un virage plus expérimental avec des mélodies éthérées à la Autechre sur un beat démultiplié, comme si les Boards of Canada s’étaient payé une vraie batterie avec des vrais toms et une vraie caisse claire qui claque. Plus tard, les claviers vintage tournoient et rappellent le sublimissime dernier album du bien français NLF3 trio (" Viva ") et ses penchants free-jazz bien frais. " And then patterns " touche encore le sublime avec son petit piano branché sur un phaser et un subtil glockenspiel naviguant tranquillement sur un rythme très Portishead, nous apportant déjà l’été et le coucher de soleil à Ibiza. " Turtle turtle up " augmente sensiblement la cadence avec un séquenceur fou nous préparant à l’assaut multicolore de " sleep, eat food, have visions " dans lequel Four tet se décomplexe totalement pour faire cohabiter les sons les plus improbables ensembles, bruits de foule compris. On se calme avec le titre final " You were there with me ", dans lequel les instruments traditionnels en provenance directe du Népal sont une bonne occasion de sortir le narguilé des cartons et nous rappellent que c’est une musique faite pour être partagée, pourquoi pas avec l’étre aimé(e). " Love… Exciting and new … Come aboard … we’re expecting you ! "