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Cela fait plus de 9 ans que nous n’avions plus de nouvelles de Dear Pola. 9 longues années après le 1er EP 5 titres Kaamos dont le magnifique Boussole figure sur le Volume 34 de nos compilations.

C’est par hasard que je suis tombé sur l’annonce de la sortie d’un nouvel EP fin décembre 2023, autant dire directement disqualifié pour les tops de fin d’année, parfois établis dès novembre (hérésie !). Et pourtant, il l’aurait amplement mérité.

De la même manière que j’ai eu un choc en découvrant l’univers de Boy (alias Caroline Gabard, officiant désormais sous le nom de Cavalier Montanari, et qui a sorti un très beau disque l’an passé) avec l’album Norfolk Motel en 2006, la musique de Dear Pola me happe dès les premières notes de guitare, dès le premier mot chanté, comme une évidence que tout est à sa place, et qu’elle va m’accompagner longtemps.

Ma part du ciel, titre en français pour un EP 5 titres totalement anglophone nous plonge dans une atmosphère chaleureuse & cotonneuse, à l’image de la pochette, paysage monochrome embrumé. On est ici dans le registre d’un indie-folk voix / guitare, enregistré en autonomie, une économie de moyens qui ne fait cependant pas l’impasse sur des arrangements inventifs donnant un superbe relief aux compositions. C’est très sensible sur Naïve qui ouvre cet EP, avec d’entrée de jeu une profondeur des sons qui nous immerge entièrement, préparant ainsi l’arrivée du chant féminin, intime, qui touche au cœur sans autre forme de procès. Ici et là, des touches délicates viennent souligner les mots dits avec retenue, appuyés par une 2e voix plus lointaine. Tin roofs évoque le meilleur de Red House Painters, avec guitare acoustique doublée et un chant envoûtant, un morceau à tiroir qui prend une autre direction en cours de route, et développe une progression en fingerpicking de haute tenue. Changement d’ambiance sur Fragments / Limbs, une saturation légère apparaît, la voix déformée répète "I’m just a Fragment", comme une sorte d’incantation métaphysique sur fond de guitare presque blues (for buddha). Un questionnement qui se poursuit sur Skies of Aarhus, la 2e partie, instrumentale, développant le propos avec une rythmique discrète et des notes saturées fantomatiques qui enveloppent l’oreille d’une surprenante douceur, jouant le paradoxe. Ma part du ciel cloture cet EP dans son plus simple appareil, le duo voix / guitare confirme la solidité du songwriting de Dear Pola qui signe ici un grand retour annonciateur, espérons-le, de belles choses dans un futur proche.




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