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Il est de belles journées parfois, la vie nous réservant des tas de surprises, vous le savez aussi bien que moi… un jour c’est une surprise de merde - qui reste un cadeau, hein, on ne peut pas dire non au karma, paraît-il - on prend, on apprend, on oublie, on passe à autre chose, on grandit, quoi. Mais quand c’est un cadeau vraiment vraiment beau, beau, beau, alors là, wow ! Moi je l’ouvre et je reste scotchée, j’ai pas envie d’oublier, ni envie de grandir d’ailleurs, rien, le fameux « moment présent » c’est ça. Comme si tout à coup « le bleu » envahissait « le ciel ». C’est un ami perdu de vue que l’on croise au centre commercial, juste devant le magasin Claires, c’est un très beau souvenir qui vous revient en plein coeur comme la brise chaude d’une canicule particulièrement rigoureuse, c’est - et là on atteint le summum, selon moi - un roman ou une chanson qu’on a aimé de tout son être et qui réapparaît sans crier gare en travers du chemin. Sauf que quand cette chanson on n’a jamais su qui la chantait, qu’on la croyait perdue, qu’on sait pas son nom, quand c’est CE genre de chanson qui vous surprend, alors là c’est « Wow ! Décollage immédiat, retour vers le passé ! » 

C’est ce qui vient de m’arriver alors que je commençais la rédaction de cette chronique : on m’envoie un album en écoute privée, juste avant de m’inviter à un concert privé, tout ça en copie privée d’un mail, je me mets à écouter l’album récent d’un certain David. Il y a des arcs-en-ciel en rafale ce matin, le noisetier et tous les arbustes de mon jardin secret sont secoués par des vents contraires, un rayon de soleil apparaissant entre deux averses, j’écoute le disque, concentrée, et tout à coup je me dis « Non ? Non ? Non ? Cette voix ? Ces mots ? Non ? Si ? ». Je me rappelle que j’ai beaucoup, beaucoup aimé une chanson, il y a un an environ, entendue à la radio, impossible, ce serait… mais si ! Non ? Mais merde à la fin, c’est LUI ? » Et c’était tellement beau, tellement troublant cette surprise, tellement inattendu. Chroniquer un disque super chouette et se dire « Mais ça fait un an que j’aime ce qu’il fait lui, sauf que je savais pas que c’était lui ! » Moi je tombe amoureuse toutes les semaines, vous voyez, là où je vis c’est un enfer pavé de pétales d’artichaut. Et là j’étais tombée amoureuse d’une chanson de ce type qui chantait un truc sur la fréquence locale, mais merde, c’était quoi ? C’était qui ? Je connais pas !!! Au secours je connais pas le titre !!! Cette chanson j’en ai besoin moi oh hé la radio locale là ! Je fais comment maintenant sans le titre oh hé y a quelqu’un ? » Je crois même que je les ai appelés, ou que je leur ai écrit. Je vous posterai une capture d’écran si j’y pense, sur Instagram. Ça me rendait dingue cette histoire, ça a duré des mois. 

Mais ça c’était avant, car voilà, preuve est qu’il faut avoir confiance en la vie : c’était une chanson de David Lafore que je cherchais partout comme une âme en peine, sur Google, sur Youtube, sur paroles.com, sur lyrics.fr, sur perdutonson.de et voilà que V. m’envoie son autre album avant-hier, un an après ! Youhou ! Donc j’ai mis trente minutes à reconnaître la voix de mon type, hop, en un clic voici la chanson perdue, tiens, fastoche, elle est parue sur son album précédent, en 2019. Tant de fois David Lafore, si vous saviez, tant de fois j’ai cherché, sachez que « Avant le soleil » fait partie des dix chansons inoubliables de ma courte et morne existence !

Puis l’album « La tête contre le mur » sorti en 2021, est de prime écoute léger, désabusé, auto-dérisoire, le synthé cheap, le souffle court, voire distordu par des effets - « Apprends-moi », ben oui David Lafore apprenez-nous, emmenez-nous en promenade dans ce monde, et c’est un monde qu’on peut arpenter seul, un matin d’avril pluvieux, à vous écouter on n’est plus seul, tout simplement, on est deux et c’est bon d’être deux, parfois. « Je mange des cendres, je mange des bruits »David Lafore s’énerve un peu sur cet album, en tout cas son clavier est énervé oui, et il est fâché contre la terre entière, il aimerait bien que ça se passe autrement entre la vie et lui, un peu comme nous tous en fait. Tous les jours la solitude, tandis que « Dehors la fête », la sempiternelle routine des courses et des repas, le train-train qui nous étreint, les soucis et les nouvelles, les informations, le journal, les conneries d’Hanouna, l’amour, la radio, la pub à la radio, la musique, les chagrins d’amour, les larmes que l’on retient, le chômage, les fous-rires qu’on se tape tout seul au volant, ou dans le bus, ou les deux : j’ai envie de dire qu’on trouve beaucoup de mélancolie dans les sujets qu’aborde David Lafore. Il se, il NOUS raconte, il est au-dessus de ça, de notre flemme, et en plus il a la courtoisie de se souvenir que nous, le public, on a envie de danser. Je ne lui ferai pas l’affront de le comparer à qui que ce soit… il est unique en son genre, il est français, et en fait c’est tout, les Français sont les meilleurs, toutes les femmes savent ça ! Quand il est « dans l’eau » David Lafore, moi je fais la planche, quand il est « en boucle », « mon visage s’efface », et quand il joue de la guitare, « ça te plaît » ? Une attention toute particulière est portée au bruit, à ce qui fait boum-tchack davantage qu’au son et on y est sensible, c’est très home-made, on est comme chez David quand on écoute son album, et chez lui c’est cosy, on marche sur un tapis moelleux, on vole sur un tapis volant, on peut se faire un tout petit feu de bois sinon, parce qu’on est aussi caché dans une cabane dans laquelle les livres seraient mal rangés, dans une bibliothèque faite de bric et de broc, mais ce bois-là est massif, il ose tout David Lafore et on en redemande sans oublier de lui dire  : « Ça me plaît »

• « entre guillemets » : vers librement extraits des chansons de ©David Lafore / Cholbiz 




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