City Of Exiles est un collectif à géométrie variable autour de Guillaume Lebouis, ses textes et ses mélodies. City Of Exiles est d’abord le titre d’un livre de Stuart Braun sur Berlin, à travers ceux qui y ont trouvé un refuge dans l’errance. Ça tombe bien, il va beaucoup s’agir de déambulation ici.
« Cannibal Song » est une entrée dans l’univers, fidèle et séduisante, toute en basse et en voix suave des cavernes. Un morceau hypnotique et répétitif, de profundis, des distorsions secrètes et douces. L’harmonie juste des voix, un homme et une femme avancent, cheminent, alertes et légers, solennels pourtant. Atmosphérique.
« Keep Out (Or Be Shot) » est plus simple dans l’approche, une adresse directe, folk souriante et ensorcelante, « no time for dying », la voix nous happe. L’entrecroisement des voix et des guitares, la batterie droite et présente, le martellement d’une marche, folklorique, irlandaise, celte.
« You Can Dance », comme une bande originale de film SF, le son 80’s d’un Daho anglais. La guitare entraînante est une invitation à la ronde en contraste avec les paroles torturées de celui qui veut mourir et aimer. La batterie est évidente, présente, pleine, elle lance, elle propulse la montée de la voix, de la chanson, puisqu’il s’agit de danser toujours.
« Underneath The Sun » est ténébreux et froid comme son texte, où l’autre est ombre au soleil. En majesté, une réponse amoureuse. “get off of my soul / get off of my sun / “ Une si douce cruauté. La musique se développe dans le contraste entre le subtil break de guitare et l’ampleur par ailleurs de l’orchestration. Stratosphérique.
« Drive Stranger », promenade hésitante et heurtée de celui qui veut s’arrêter, ne plus continuer. Une chanson d’abandon.
« Frozen » : Les voix, fortes et en face, le chant en direct, devant, une drôle d’incantation. Toujours le même son de guitare sale et propre, avec des éclaircies folles. Un morceau qu’on voudrait volontiers voir en live. En direct.
Et comme une paillette continue sur l’album, le fantôme de Queen, un fantôme qui nous surprend à être élégant, qui tire l’oreille, pourquoi pas même Pink Floyd.
« Tumbleweed » s’ouvre sur le bruit de la pluie qu’on regarde tomber à l’abri, puis une clarté, un chant et une guitare déliés et libérés. Une sensualité au mystique final.
« Ghost Rider » offre une scansion à la Brian Ferry pour un vieux slow chic et décadent.
Le morceau de clôture porte le nom de l’album avec un dandysme assumé, assuré, les mots tombent légèrement puis s’envolent en devenant féminins (la voix de Pauline Denize, parfaite et aérienne encore). Un chant à la Cohen cavale sur une musique qui s’autorise bruitiste.
« Dead In Hollywood » est une heureuse superposition entre des influences marquées et une instrumentation qui expérimente sans jamais se / nous perdre.