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Imaginez. Vous êtes dans la cuisine en Formica de vos parents, les sièges oranges en plastique version Porchini, servent de réceptacle pour vos fesses ou pour une plante, le pot délicatement posé sur un napperon. Sur la papier peint multicolore aux assemblages géométriques gigantesques, trônent deux ou trois cadres encerclant des images des vacances ou la reproduction d’un Manet au crochet offert par tata Gisèle. Dans le téléviseur noir et blanc à la ligne futuriste qui ne sera pas sans influencer les premiers Imac, il y a Giscard et Anemone qui présentent leurs vœux de bonne année avec la même attitude qu’un couple venant de se faire castrer par onction cléricale. Et dans la pièce d’à côté votre frère place sur la hi-fi du salon « La Perversita » œuvre collective, disque concept pour une tentative de sublimation de la perversion sexuelle. Il pousse le son, faisant geindre votre sœur pour cette introduction blasphématoire d’un titre des intouchables Beatles, et là............ « Je rêve de me faire sodomiser par un chien ». Votre mère en perd son couteau avec lequel elle coupait la viande du repas du soir, et votre père tout aussi gêné qu’exciter par la voix de la diseuse, fera exploser la bouteille de vin qu’il essayait d’ouvrir avec l’énergie du désespoir. Et là arrêt sur image.

Nous sommes en 1979, Jeanne Foly et J.L. Hennig et VXZ 375 (ne cherchez pas un personnage de Star Wars, mais plutôt l’une des plumes les plus importantes de la littérature et du journalisme contemporain, l’indispensable Bayon) et Hector Zazou et Bazooka, signent un disque d’une liberté digne de « La Grand Bouffe » de Marco Ferreri paru 6 ans plus tôt. On y parle et on décrit beaucoup de fellations, n’épargnant rien, pas même les odeurs des latrines. On se moque des deux statuts divines de la pop anglaise des années 60. On se gausse de Bokassa, on épargne vraiment rien. Tout cela sous des musiques flirtant avec des esquisses hypertoniques ou des longs râles gainsbouriens (La Soupeuse). Cette réédition (magnifiée par les œuvres de Kiki Picasso) nous montre l’envie de faire craquer la sclérose de la société (2 ans plus tard, la gauche pouvait enfin bander sans que la prostate ne gêne encore.) par le prisme d’un sexe aussi cru que crade (impossible de ne pas penser à certaines scènes de « L’homme Blessé » de Chéreau qui paraîtra presque dix ans plus tard) avec une inventivité dans le traitement du son permettant l’écoute du disque 40 ans plus tard sans y desceller une seule once de ringardise (Hector Zazou n’avait pas encore l’idée de faire chanter Depardieu ). Bouche bée.




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