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Fonctionnement neuronal incompréhensible ou pas, je n’ai toujours pas parlé du disque qui aura le plus tourné sur mes platines depuis le début de l’année. Comme en amour, il est difficile de faire une déclaration, de dire tout le bien que l’on pense d’un disque, sans tomber dans l’angélisme ou le naïf, ou dans l’outrancier tel un Augustin Trapenard druckerisé dépassant toutes les limites quand il est question de déclarer sa flemme à Honey For Petzi.

Car comme les deux mains aux doigts multiples qui se croisent sur un fond immaculé de jaune, ce disque est une combinaison, une alliance de tous les instants, d’une myriade de propositions musicales possibles. Hétéroclite et explosif, le disque semble décomposer ses morceaux (tous avec un titre d’un seul mot) en deux moments, comme une question et sa réponse, avec la même rigidité souple et nonchalante d’un Stereolab au meilleur de sa forme. Ici le chant ne cherche pas à vous avoir à l’émotion, gardant un style dépourvu de la moindre tentative de pêche industrielle à l’émotion.

Sorti donc il y a déjà quelques mois, « Observations + Descriptions » est en tête de mon classement des lectures numériques, n’ayant qu’un seul écueil, celui de la longueur, le disque perdant de son élasticité sur la fin (un album plus ramassé aurait transformé ce disque en classique.). Sorte de yoga mental, espèce de flipper électro pop dansant et pensant, « Observations + Descriptions » a la puissance du maître d’œuvre d’une société secrète comme celle du temple soleil, une séduction poussée à l’extrême, mais sans jamais répondre au standard de la société bêlante. Tout pourrait être résumé dès le premier morceau, l’explosif « Écoute », comme une rencontre entre Laetitia Sadier, James Murphy et un Thurston Moore descendant de space-mountain, « Je résonne dans ton oreille, et ton visage s’émerveille ». Après, tout découlera de source, avec différents bras pour alimenter celle-ci, (Comment ne pas penser maladroitement à l’Islande quand on sent à ce point le feu sous la quiétude du chant d’ « Island », une distorsion tout à la fois de l’espace et de temps. « Infini » comme une calligraphie parfaite de la pop fureteuse et toujours profonde, « Crash » et son carambolage du bizarre et du beau, « Kawazaki » à l’ergonomie nous rappelant les premiers Atari dans lesquels les Daft Punk seraient enfermés et subiraient le châtiment de la langue de chèvre. Et plus encore et toujours, comme « Dog » est son aventure palpitante dans les méandres du manoir de la pop anglaise ourlée, « Photographie » morceau pendant lequel le cliquetis de la prise de photo semble donner l’impulsion au morceau, ou « Géométrie » qui pour le coup nous fera préférer l’algèbre ou l’ensemble des maths (rock).

Avec ce disque, Honey For Petzi aura définitivement sa place dans le Panthéon de cette année terrible, comme une bouffée d’air frais, un moment que nous pourrons regarder encore et encore pour en parler de mieux en mieux. Épatant.




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