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Sous l’égide de Tim Brady, le collectif canadien Instruments of Happiness organise depuis 2014 des concerts de guitares électriques – jusqu’à cent instruments sur scène, notamment lors d’un hommage à l’œuvre de Jimi Hendrix – et publie des albums adoubés par la critique nord-américaine. Le troisième et dernier en date, « Slow, Quiet Music in Search of Electric Happiness », nous offre un voyage immobile dans les vallées spécieuses de la musique contemporaine.

Pour ce nouveau projet, Tim Brady a sollicité quatre compositeurs – Louise Campbell, Rose Bolton, Andrew Noseworthy et Andrew Staniland -, leur enjoignant d’écrire chacun une pièce d’une durée de 14 minutes, qui serait interprétée par un quatuor de guitares, dans l’église du Gesù à Montréal, cet édifice (construit en 1865) ayant pour particularité une réverbération naturelle longue de sept secondes. Lors de la performance, trois danseurs de la compagnie Sinha Danse se joindront aux musiciens, installés aux quatre coins de la scène – respect de la distanciation sociale imposée par les gouvernants mais également illustration du souci constant qu’a l’art contemporain de se prévaloir d’une transversalité innovante. Transversalité ? Comme au théâtre antique, vous me direz. Oui, sous couvert de modernité, nous louons – sans le savoir, puisque nous sommes ignorants – le passé.

Sur le papier, la proposition de Instruments of Happiness est attirante mais ne résiste pas à l’écoute, aussi attentive et sans préjugés soit-elle. Musique hautement contemplative, certes, pérégrination hypnotique, pourquoi pas, mélancolie filandreuse, mouais, orages liquides, yep, silence bruitiste, mélodie atonale, arpégiation arachnoïde, j’en sais rien. J’en ai bouffé du Reich, du Cage, du Schönberg, en matière d’abstraction rien ne m’effraie, mais là, je l’admets, je m’ennuie.

Paradoxalement, j’aurais de loin préféré assister à la représentation, confortablement abrité dans l’obscurité, à suivre les ondulations des corps dansants et apposer, sur les rêveries nées des doigts des guitaristes, mes propres rêveries. Malgré de belles et bonnes intentions, « Slow, Quiet Music in Search of Electric Happiness », d’un point de vue strictement instrumental, ne se suffit pas à lui-même mais accompagnera avec bonheur vos siestes hivernales.




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