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Si au moment où vous lisez cette chronique (surtout si vous êtes un fidèle lecteur et que vous les lisez dés la mise en ligne) vous êtes sur une plage, c’est que soit vous êtes sans enfant ce qui est bien pour la planète, que vous êtes retraités ce qui n’est pas bien, car nous ne faisons plus d’enfants pour sauver la belle bleue et que plus personne n’est là pour vous payer, que vous êtes libre comme l’air ou que vous avez oublié de rentrer et qu’à l’heure où ces lignes sont écrites, il serait grand temps de mettre les bouchés doubles pour être à l’heure au bureau demain matin afin de retrouver les mines déconfites, mais bronzés, de vos collègues que vous adorez uniquement pour vous assurer des sorties précipités sans que la hiérarchie en soit au courant un soir de concert.

Dans ce contexte de rentrée aussi anxiogène qu’un documentaire financée par la FNSEA sur la prolifération des insectes sur des betteraves pour mieux niquer les abeilles et nos dents avec le sucre, il y a deux alternatives. Celle de baisser la tête, et se résigner à cette vie dans les escalators jusqu’à ce que mort cérébrale s’en suivre, ou celle que je vous propose avec « Fantastic Man » troisième album énervé et vitaminé de BLKLSTRS ( prononcez Blacklisters). Coup de fouet démoniaque de la rentrée, ce « Fantastic Man » est une rencontre entre le cerveau parfois désaxé de Desproges quand il parlait du petit Gregory, et les poussés mélodiques d’un Nirvana au milieu d’un chaos sciemment provoqué (Motivational Speaker). En neuf morceaux BLKLSTRS fait penser à une harde de sangliers qui passeraient la nuit dans un champ de blé, laissant en guise de trace façon pochette de Led Zep, une main avec le majeur en l’air visible du haut d’un drone qui serait lui chahuté par le souffle du mouvement, même des heures après. Car « Fantastic Man » est une bourrasque violente et rageuse, faisant passer Girls Against Boys ou Gumball pour des aimables valses du milieu des années 90. C’est un disque qui pourrait tomber dans une forme de caricature, mais les morceaux se succèdent sans pour autant garder un lien trop fort avec ce qui précéder, lorgnant que rarement vers une forme d’équilibre plus pop tendue comme sur le « I Read My Own Mind » véritable tube, poison violent au milieu de la terreur, sorte de reprise de Fatima Mansions dans les flemmes d’un enfer plus drôle que son inverse, version galack. Enregistré dans l’urgence, il en ressort une forme d’animalité, mais aussi une grande proximité. La force du disque est aussi là, l’impression que le souffle qui se dégage des morceaux vient tout faire voler dans la pièce, avec un rire pas totalement sardonique, presque enfantin quand il est question de fermer le banc avec un « Mambo N°5 » outil de desquamation que ne renieraient pas les Liars des débuts.

La rentrée commence bien si vous avez ce disque pour vous accompagner, « Fantastic Man » est la réponse à votre anxiété, celle-ci est partie terrorisée, préférant se réfugier devant une chaîne info. Leeds épicentre d’un tremblement de terre salvateur.




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