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Autant vous le dire il est impossible pour moi de vous résumer le parcours de Daniel Mark Williams sous peine de faire exploser mon nombre de signes même si celui-ci n’est pas limité. Impossible, il me sera de vous résumer ce disque et son histoire qui connaîtra un bouleversement majeur grâce à une rencontre divine d’un Thomas qui n’en croira pas ce qu’il a entendu. Si c’était un conte de fées, nous pourrions dire que tout a commencé à Ynysybwl au Pays de Galles. Comme nous sommes à la fin du 20 éme siècle nous remplacerons les personnages enchanteurs de nos histoires enfantines par le second étage de la fusée de la destruction du modèle social. Les crises semblant se succéder devant les yeux des gros actionnaires comme s’ils étaient dans un restaurant japonais, l’ennui et la survie convinrent Dan (Daniel Mark Williams) d’entamer un tour de France, car en définitive un pays qui glorifie une boite à coucou comme rock star indépassable, n’est peut-être pas un pays à l’identité musicale fréquentable, mais au moins il a un sens de la dérision (très caché) proche d’une forme de désespoir. Armé de son courage, de sa pratique de la guitare de façon empirique, trouvée par un heureux hasard le temps d’une chasse au trésor qui s’ignorait, Dan finira par ne s’établir que dans l’errance, surfant sur une pellicule ne voulant pas combattre les vagues d’un retour vers le Pays de Galles. Capable de ne pas trouver sa place (les incapables sont ceux qui jubilent de la soumission) Dan finira par faire de ses rencontres, le lien vers les étoiles qu’il arrivait encore à projeter dans son ciel obscurci, ligne de fuite de ses parcours sans but sauf celui d’échapper au rien. C’est comme s’il trouvait des voyelles à insérer dans le nom de son village, pouvant entamer un dialogue. Les interlocuteurs seront Loïc Malavelle, Loîc Trumeau, Thomas Fiancette (croisé chez Tue Loup ou Thomas Belhom), la discussion finissant par aimanter Bruno Amosnino et Philippe Caray.

Avec ce cercle, Dan pouvait voir se délimiter un cercle et ne plus chercher l’horizon comme point à rejoindre coûte que coûte. Après un EP, il enregistrera et sortira en 2019 l’album que vous allez écouter, album que le label We Are Unique Records sort, union légitime d’un voyageur sans point de chute et d’un label qui est une famille dans laquelle être accueilli n’est pas anodin, ouvrir sa porte est une chose, ne jamais la refermer en est une autre, le label a depuis longtemps tout ouvert.

Si je voulais résumer ce qui ne peut pas l’être, Inflatable Dead Horse serait la collaboration du Gun Club avec Mark E.Smith, mettant en musique des carnets secrets de Bill Callahan chapardés et agrémentés par David Eugene Edward. L’émotion est au début le fruit d’une urgence brute presque animale (Better Days / Burn it Down), mais dés « A Spoonful is Enough » nous sentons bien qu’après l’énergie d’un désespoir qui aurait pu prendre le dessus sur la vie, le groupe allait devoir vider le sac de Dan le voyageur sans retour. Et là préparez vous à redécouvrir l’expression à fleur de peau, de la réécrire comme si il fallait définitivement la figer dans le temps, celui de « Green Light » presque insoutenable quand on est déjà sous les bourrasques de la mélancolie. Mais Dan n’est pas un écorché vif, gardant dans la poche de son veston la dignité qu’il aura parfois serrée fortement entre ses dents (« Christmas at the Institute » une bourrasque d’émotion) gardant l’aplomb-là ou d’autre se fissure avec la rage. Comme un cowboy sans arme, il brave les sentiments (Oh Marie Laure) utilisant Our dans « In Our Backyard » comme s’il avait posé ses valises et construit un endroit ou peut être un jour des fées viendront se poser un soir d’été. Un disque d’amour aux fêlures béantes, un disque poignant aux deux faces troublées, une sensation inconnue depuis le « Not Too Amused » de Sebadoh, Inflatable Dead Horse finissant mieux l’histoire.

" Everywhere I go, I feel it But I won\’t talk, I won\’t get stuck with you Everyone\’s so lonely, I dig it But I\’m afraid I can\’t share this with you"

Emotion majeure




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