> Critiques > Autoproduits



Pour parler de son premier album, je disais que l’écriture de Julien Ledru avait la stature fière et imposante, comme peut l’être la chouette trônant sur la pochette. Je ne sais pas si Julien a un ornithologue qui sommeille en lui, toujours est il que c’est un wood Ibis (ici c’est une reproduction d’un tableau de 1834 de John James) qui trone sur la pochette (pour le moment dematérialiser, mais ce disque mériterait comme le précédent une sortie physique).

Si « Along The Road I Had Traveled » s’articulait autour de la technique du fingerpicking, Julien semble ici s’offrir un terrain de jeu plus vaste, piochant dans le folk américain, à l’image d’un échassier transformant son long bec en barrage pour se nourrir. L’écriture de Julien prend alors le droit de se frotter à des figures illustres, tel que le Will Oldham des premiers Palace, cousinant avec la même fragilité et l’obsession de la mélodie parfaite, de la note qui remplace les mots quand l’émotion et le chagrin nous empêche de le dire autrement.

« White Oak Blues » qui semble moins apaisé que son prédécesseur fait transpirer une mélancolie, celle du cowboy loin de tout même quand il est en ville,que son imaginaire est véritablement son environnement. Il y a des moments déchirants pendant ce disque, des inflexions aimantes que nous possédons dans notre bréviaire, comme ces fleurs des cimes que nous conservons dans un herbier véritable livre de poésie de notre nature rêvé.

Dédicacé à Daniel Johnston (le disque se termine sur « Daniel Variations » ) ce « White Oak Blues » confirme que Julien Ledru est un drôle d’oiseau dans l’univers musical d’ici un oiseau qui a fait migré sa guitare loin d’ici, sur les terres des âmes qui ne meurent jamais.