Bien sûr que nous connaissons dorénavant par cœur chaque recoin de la cold-wave. Et certes, à force de revival de revival, nous finîmes par bouder les excellents duplicatas que proposaient les jeunes formations françaises issues des cinq ou six dernières années. Les souvenirs intimes, les découvertes 80’s, c’est tout de même mieux qu’une version actuelle tellement fidèle au genre que sa glaciation formelle annihile le beau romantisme gothique des (grands) groupes d’alors.
Les exceptions, heureusement, existent. Il serait triste de les rater. Les Bordelais de Lonely Walk, avec leur troisième album, de prime abord, atteignent le niveau de renégats cultes tels que Howard Devoto ou Billy Mackenzie. Il s’agit d’un album superbement écrit et produit, hyper prenant, sans la moindre faute de goût. Mais qui voit plus loin que son amour du post-punk.
Car ici, les mélodies sont assez fantastiques, pour ne pas dire ensorceleuses – single évident, “Look At Yourself” est une putain de bombe qui s’affirme déjà comme l’une des meilleures de l’année 2020. Lonely Walk adapte les sonorités cold à un songwriting intime, à un évident besoin artistique. Ce groupe n’est ni révérencieux ni diplomate, il malaxe ses goûts musicaux en fonction d’un propos, d’une sensation personnelle ou d’une urgence d’écriture.
Jusqu’à virer crooner, atmosphérique. Loin, finalement très loin, d’une quelconque nostalgie fédératrice, Lonely Walk se rapproche parfois du Nick Cave de “Your Funeral” ou des travaux de Raymonde Howard. Un très bon groupe en pleine évolution, et qui sait pertinemment que la cold n’est pas une finalité mais un passage vers une totale affirmation de soi-même.
Ce nouvel album, largement au-dessus de la production française actuelle, annonce la prochaine richesse du groupe : n’en faire qu’à sa tête. Le rendez-vous est pris.