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Je les attendais, je les attendais au tournant, comme un vieil ami d’enfance de retour au village, qui revient de longues années plus tard, je l’attendais dans l’espoir d’y trouver les sept différences, et dans l’envie de le retrouver pareil, c’est une attente nerveuse de celui qui croit que cet ami là sera un jour le roi du village, nerfs parce que on ne sait ce que la biographie aura ajouté a son épiderme ni ce que le temps aura quitté a son Âme. Ils furent l’un de mes premiers enchantements de type qui aime écrire sur la musique, c’était à l’époque "Morceaux de lune" et ce fabuleux "17 Septembre", il y a quelques années, comme un exil, une quarantaine. Mais je suis enfant sage de mémoire courte, certes, mais très élitiste, je ne garde que le bon. Alors je l’ai vu arriver, de loin, dans son manteau blanc bariolé de lignes noires, enveloppé chichement, superbement, dans des traits d’yeux, ces rayures d’oiseaux. Le vécu est un atout, jusqu’à cela devienne vieillesse, il y a du temps, tranquilles, on a le temps… combien dure ces chansons… une éternité j’espère, au moins un peu plus loin que la vieillesse, c’est bon de te retrouver l’ami, c’est bon de savoir qu’on va écouter ces histoires d’autres routes. On s’assoit au comptoir comme deux amis donc, moi, qui n’ai bougé de sous mes pieds étincelle du regard sur ces aventures et mésaventures, et cette manière de conter à la fois tonitruante et légère, il est agréable de te retrouver en ce jour, Daytona. Oh, je vois que tu n’as pas perdu cette fougue, cette envie de front au soleil, tête haute, happeur de rêves et rebelle Jimmy Dean, je vois que tu as appris bien des langages, des mots plus loin qu’ici, et cette idée sonore d’une franchise parfois tueuse, parfois cajoleuse, qui martèle nos membres (attention a mes articulations, je ne danse plus comme avant), oh j’aimais déjà ces rythmes sauvagement mécaniques qu’avaient tes guitares, ces couplets donnés aux instruments qui me faisaient voyager. Et tu me parles aujourd’hui de nouveaux moyens de transports, plus costaux, chromés, trafiqués comme voitures américaines, speeds illimited de poésies française, quand le français sait atteindre l’au-delà, de ces véhicules qui enveloppent la voix-corps en plan carapace, le tout aligné comme une ligne d’horizon. Mais d’où reviens-tu avec ces houles fabuleuses, puissantes comme des impossibles, l’ami, qu’as-tu découvert là-bas, dans le temps ? Oh oui, ta voix ne cache plus autant le bien et le mal, elle sait cracher comme les adultes, et embrasser comme les gamins, tu as gagné la sagesse de la vérité, a quoi bon enjoliver si la beauté est ainsi, a quoi bon voler si marcher porte plus loin. Je te regarde, accoudé au comptoir, raconter tes histoires d’ici et là, je m’y vois, je m’y trouve, je m’y emporte assaillie par tes batteries respirant comme jeunesse au galop. Bien sur que ça me fait plaisir de te revoir, ta mue est géniale, bien sur l’organe reste l’organe, mais cette nouvelle tenue, de Malmö et autres exotismes magiques, te va a ravir, et me sied phénoménal, en pamoison devant un verre partagé devant si belle retrouvaille, je savoure chaque étape narrée comme ce 17 Septembre où nous avions parlé pour une première fois, j’ai eu bien raison de t’attendre, tu es revenu si enrichi de ces contrées, ton son pénètre plus encore qu’alors, tes récits se sont agrandis sous ces cieux, quand partir est un pas en avant, et revenir un pas devant. Je vois que tu as su doser ces vertiges de chants, bons maestros sur ton chemin t’ont appris a laisser place au son quand ils savent mieux exprimer, j’envie ces atmosphères, ces envolées, ces petites blessures, ces illuminations, tu me racontes "par erreur" et tout ce pardonne, tu dis "J’emmerde" et je suis ta révolution, je fantasme sur "Ma belle héroïne" dont les cuivres me rendent mes rougeurs de premier amour, qu’il est bon ton retour, tu es devenu celui que j’espérais, le futur roi d’ici le village, et de là-bas nos esprits, je paierai des tournées a en perdre mes ouïes, ne serait-ce que pour te rappeler le chemin de retour au prochain 33 tour, il se fait tard, j’ai assez d’images comme pour rêver des années, des sons pour bercer les nuits d’orages et les nuits a la belle étoile, je t’en remercie, je t’attendrai au coin d’une rue, avare d’encore plus de toi, Petit Daytona, petit ami, bonheur sonore, ami de longue date, plaisir de musique.




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