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  • 26 novembre 2017 /
    Miët
    L’interview aux Rockomotives

    réalisée par FLK & PAR

Pendant le festival des Rockomotives à Vendôme, nous avons eu l’occasion de rencontrer Suzy Le Void, alias Miët, pour lui poser quelques questions. Après son excellent concert à la cour du cloître, nous nous sommes retrouvés au Central Bar pour en savoir un peu plus sur cette jeune artiste talentueuse.

ADA : C’est ta 1ère fois aux Rockomotives ?

Miët : Oui, c’est ma 1ère fois.

ADA : Ton projet est atypique (basse solo, boucles et voix), comment t’en es venue l’idée, les 1ères compos ?

Miët : J’ai commencé à jouer de la musique avec de la guitare sèche, au tout début. Après j’ai un peu délaissé ça et je me suis rapidement mise à la basse. C’est un instrument qui me correspondait vraiment, j’ai trouvé MON instrument. Ensuite j’ai joué avec d’autres personnes, mais on n’avait pas forcément tous la même vision, sur les concerts notamment. J’ai alors commencé à composer mes trucs, j’avais un « jamman » [pédale de boucles, NDLR], je faisais mes boucles. Il s’avère que ce n’était pas forcément un choix de faire cela, mais les boucles, c’est ce qui m’a permis de composer mes morceaux. Au début c’était d’ailleurs difficile parce que je ne trouvais pas de références de gens qui faisaient la même chose, et je me demandais comment faire pour trouver des sons. C’était vraiment difficile, j’avais peu d’exemples, il a fallu que je bidouille, voir comment faire des rythmes, comment utiliser l’archet et arriver à sortir un son qui me plaisait, chercher pour avoir des distos plus aiguës. J’ai commencé par un travail de recherche de sons.

ADA : Quand on t’écoute en live, il y a peu de vrais sons de basse.

Miët : Il y en a effectivement peu par rapport à l’instrument et aux attentes que l’on pourrait avoir sur le son de basse. Je l’utilise pour faire des sons différents.

ADA : Qu’est ce qui t’a amené à la musique ?

Miët : J’ai l’impression d’avoir toujours eu envie de faire de la musique. Quand j’étais petite je voulais faire du piano, je n’ai pas pu en faire, mais je faisais quelques mélodies sur un clavier. Je chantais aussi dans mon coin, mais j’étais très timide et je n’osais pas chanter devant les autres. Je chantais un peu à la chorale et au collège, quand il fallait passer devant le prof. Puis c’est venu plus tard, à 20 ans passés, je me suis dit que je voulais m’y mettre, que je voulais composer. J’ai eu tout de suite l’idée de composer des morceaux, j’ai peu appris de reprises, ça m’ennuyait. J’avais envie de faire mes trucs, j’ai alors pris une guitare parce que c’était le plus facile, ça ne coûtait pas cher. J’ai eu une guitare à 30 euros, je chantais avec. Au début quand tu réfléchis à quel instrument prendre et que tu n’as pas beaucoup d’argent, tu te diriges vers la guitare.

ADA : Ce n’est pas forcément en écoutant d’autres groupes que tu as eu envie de faire de la musique, finalement ?

Miët : Non, pas vraiment. Je me rappelle d’avoir écouté Radiohead au lycée et m’être dit « wouah, c’est vraiment super riche et très très beau ». Mais, j’ai eu envie de faire de la musique avant cela, c’était vraiment viscéral.

ADA : Tu as sorti un EP en 2016, nous pensions qu’on ne le trouvait qu’en numérique, mais nous avons remarqué des CD à ton concert.

Miët : Oui, le EP est aussi sorti en physique : en CD ou K7. C’est sorti en numérique au printemps dernier et les versions physiques en septembre dernier, ça va faire 1 an. C’est sur mon propre label, que j’ai créé avec un ami musicien, dans l’idée de produire nos propres CD. Du coup la distribution se fait à la sortie des concerts, ou alors en envoyant un email.

ADA : Option DIY…

Miët : Voilà. Je n’avais aucune connexion avec le milieu musical au début. J’ai commencé à faire les cafés concerts en allant les voir, en me présentant avec mes démos et en leur demandant de me faire jouer. Quand il n’y a personne pour vous soutenir, il faut se débrouiller. Sur les concerts, les CD se vendent pas mal.

ADA : Et depuis tu as eu des soutiens ?

Miët : Maintenant j’ai un tourneur, avant je cherchais les dates par moi-même, j’envoyais des mails, etc... Du coup c’est très confortable d’avoir quelqu’un qui fait cela et puis il n’a pas le même réseau que moi, les mêmes contacts.

ADA : As-tu des envies avec ce projet dans le futur ? Nouvelles chansons, album…

Miët : Je commence à réfléchir à de nouveaux morceaux, dans l’idée d’un prochain album que j’aimerais bien sortir avec un label pour avoir une prod et une distribution un peu plus conséquente. Avec un vinyle aussi, pour compléter les CD et K7. J’écoute principalement des vinyles, alors ça me plairait bien.

ADA : Envie de tourner hors de France ? L’as-tu déjà fait avec Miët ?

Miët : Pour le moment je n’ai joué qu’en France. Le plus loin que j’ai fait c’est Strasbourg. Il y a des pistes pour une tournée en Belgique et peut-être aux Pays-Bas, rien de concret, mais c’est dans les plans.

ADA : Tu nous as tendu la perche pendant ton concert… Alors, elles parlent de quoi tes chansons ?

Miët : Ce sont vraiment des textes très personnels, pour la plupart, qui parlent de mon histoire ou de sujets qui me touchent. Bon il y a aussi un morceau sur un lapin géant, le Pooka, qui est un peu à part (rires). Le sens des mots m’importe, de même que leur sonorité. Je me sens plus à l’aise à écrire en anglais qu’en français.

ADA : À la fin de ton concert tu as chanté a cappella un poème. Peux-tu nous en dire en plus ?

Miët : C’est un poème de Walt Whitman, un auteur américain. J’ai trouvé ce poème très beau et j’ai eu envie de le chanter. Une mélodie m’est tout de suite venue à l’esprit et c’est parti comme cela. De ne pas être accompagné par d’autres instruments permet d’être concentré sur la voix.

ADA : Une fille seule à la basse dans le milieu : pas trop de machisme ambiant chez les autres musiciens ou dans le public ?

Miët : Franchement ça se passe plutôt bien. J’ai quand même quelques réflexions du genre : « ah, ça va pour une fille »... Et puis je me considère comme une musicienne, sans me dire que je suis une fille. Je propose des morceaux, ça plaît ou ça ne plaît pas.

ADA : As-tu d’autres projets musicaux parallèles ou interviens-tu dans d’autres groupes ?

Miët : Depuis peu, j’ai rejoint MellaNoisEscape qui était à l’origine un projet solo d’Olivier Mellano. Il y a maintenant Valentina Magalettià la batterie, Olivier à la guitare et moi à la basse. C’est très intéressant et complémentaire avec mon projet solo. Pour le coup je ne compose pas du tout et je viens jouer de la basse. Je découvre aussi la manière de composer d’une autre personne. J’ai beaucoup écouté le 1er album solo et on a ensuite travaillé à trois pour voir comment réadapter les morceaux. Mais du coup vous avez vu les 2 formules : solo et trio !

ADA : Oui, effectivement. Avant, le live était plus millimétré du fait des machines, c’est maintenant un peu plus libre, presque sauvage.

Miët : Ça vient aussi du fait qu’Olivier a beaucoup moins de boucles. La batterie apporte beaucoup aussi. Moi qui n’ai pas l’habitude de jouer avec une batterie, ça m’aide et ça apporte une ampleur qu’on ne peut pas reproduire avec des machines.

ADA : En fait tu as assez peu joué en groupe auparavant ?

Miët : Oui, vraiment peu. Mes 1ers concerts étaient en solo et c’était assez difficile au début, j’étais un peu traumatisée. Je n’arrivais pas à régler mon son, c’est un apprentissage de savoir quoi demander dans ses retours, de ne pas mettre son ampli trop loin pour pouvoir entendre suffisamment les boucles. Cela s’apprend et je n’avais à l’époque aucune expérience de la scène, aucune de ces notions.

ADA : Dernière question, as-tu un coup de cœur musical que tu voudrais partager ?

Miët : Je vois que tu portes le t-shirt de Filiamotsa, bon malheureusement ils n’existent plus depuis peu, mais c’est un groupe que j’ai beaucoup aimé voir en concert et j’ai même fait leur 1ère partie à Nantes. J’avais acheté leur vinyle à l’époque que j’ai trouvé très beau, c’est hyper bien, ça ne ressemble pas à autre chose. Je suis triste que cela soit fini, mais il faut aller écouter Filiamotsa, même en enregistrement. Récemment j’ai aussi écouté le disque d’Olivier Mellano « TAN » [disque objet contenant les photographies de la série TAN (Dégât des Eaux) réalisées par Richard Dumas le 5 février 1994, au lendemain de l’incendie du Parlement de Bretagne, NDLR], je ne lui ai pas encore dit mais je l’ai trouvé très très beau. Je ne savais pas à quoi m’attendre au moment de le mettre sur ma platine et ça m’a beaucoup plu. Bravo Olivier !

Pour en savoir plus sur Miët : http://www.labellesauvagerecords.org/miet

photos de Jérôme Sevrette



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