Pour cette chronique qui se voulait aussi rafraîchissante qu’une huitre mangée les pieds dans l’océan, j’ai eu longtemps l’envie d’utiliser les poncifs et les expressions les plus éculés de la langue française. J’ai failli vous parler du loin d’ici loin du cœur. Vous dire que des kilomètres à pieds ca use. Ajouter que l’on sait ce que l’on perd mais l’on ne sait jamais ce que l’on gagne. Vous assommer avec le c’est toujours meilleur chez les autres et vous tuer définitivement avec un génial et cruel elle était tellement moche que je lui disais vous, mais comme le lendemain j’ai eu pire j’ai fini par la tutoyer au nouveau rendez vous.
Et puis je me suis servi un café, j’ai regardé un reportage sur les dernières semaines de Steven Gerard à Liverpool, et je me suis dit que pour un lipulervien, s’éloigner de sa ville c’est comme un escargot songeant à lâcher sa coquille, impossible. Alors quand en 2014 les membres de Outfit se sont dispersés façon puzzle nous ne donnions pas cher de leur peau, même si il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué.
Si le groupe est aussi sexy qu’un bulot qui aurait oublié de se trouver un refuge humide pendant la marée basse, il est pour le coup aussi, voir plus talentueux, que la grande majorité de ses contemporains, capable dans une chanson de faire cohabiter autant d’éléments mélodiques que dans la discographie complète de Coldplay. Eloignés qu’ils étaient ils surent tirer des fils imaginaires afin de continuer à communiquer en musique avant de retrouver les rives de la Mersey. Le résultat un album aussi capricieux et plantureux que « Slowness ». Capricieux car il ne se donne pas aussi facilement que la défense des reds contre Stoke city, il serait même long en bouche. Plantureux, car on sent que le groupe a avec Andrew PH (le chanteur) et Thomas Gorton (le claviériste) deux orfèvres qui ne savent pas garder et donnent leurs découvertes quasiment en direct. Un disque rafraîchissant.