C’est un homme ivre qui ouvre Everlast...Délicat, nu...Folk. Pris dans ses vapeurs de jazz, des beats ralentis. La voix de Perera Elsewhere, divine, habitée par des siècles, le suit...Puis entraîne dans ses méandres gracieux, graves et sensuels. D’une étrange profondeur, synthèse inespérée entre la musique sérielle et les chants du monde...Comme ceux que l’on peut entendre sur Ocora, sublime label de pulsations traditionnelles, tribales, ancestrales glanées au quatre coin de la planète. Sauf qu’ici, sur Everlast, cette respiration est mêlée aux courants les plus avant-gardistes. Le résultat est d’une beauté à se mettre à genoux. A prier, sur Light Bulb, cette terre rêvée, de musiques et de chants si proches d’une origine toujours cherchée...Jamais trouvée. Les chansons de Perera Elsewhere sont traversées d’une telle vibration... Qui n’a rien de factice, comme pourrait l’être le recyclage opportuniste et superficiel d’un folklore mondial...

Musique grattée, soufflée, aspirée, inspirée...Dans ses retranchements samplés, incorporés, réagencés. Poussée par la magie d’une écriture sidérante de finesse, de subtilité...Aérienne et vaporeuse...So bizarre.

Ce tissage de sons acoustiques, électroniques, de martèlements originels, percute l’imaginaire, le déracinant, lui retirant ses repères habituels, cet environnement familier de musiques délimitées. Et diffuse lentement ses effluves souful, ses toxines primitives et déviantes. Son assonance, sa cadense envoûtante...Longue marche, Carousel, à la beauté spectrale...Groove irrésistible, sédaté et si novateur, quelque part entre les premiers enregistrements de Tricky et ceux de Massive Attack, et le fantôme de Terry Callier. Mais vouloir situer la musique de Perera Elsewhere est vain... Elle nous parle d’un monde en gestation, où des décennies de musiques noires s’enlacent avec le folk. Elle nous parle d’un avenir, autant musical que sociétal. Loin devant...