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Je me refuse à penser que le rock de garage n’est rien de plus qu’une overdose de gros sons bombardés par des titans furieux et trop hommes sur des murs de briques de villes morphines et feu. Je veux croire que cette guerre a droit a des salons de velours rouge sang, d’or chromé. Les bombes ont droit à leur luxe, leur chic, leur luxe. Les cris, les rages, les douleurs ont leur place dans les voutes de Versailles, et les bars de grandes avenues, les tatouages colorent les talons aiguilles Chanel, les Harley couchées sur des draps de soie. Comprenez-moi, ou non, ne me comprenez pas, buvez juste un peu d’alcool de Demi Mondaine, la gueule de bois va être majestueuse. Parce qu’il y a une classe subtile et coléreuse dans cette boisson, parce qu’il y a une voix terriblement puissante dans sa décadente atmosphère, dans ces coups de grisous que sont les sentiments vocaux d’une authentique descendante de Patty Smith a la voix brisée mais vivante, et un gout impérial pour la mélodie juste, qui coule quand il faut valser, et crame quand il faut bousculer, portée au sommet par cette troupe belliqueuse de guitares, basse profondes et tambours de guerre d’oreilles fines, parce que pour que la voix soit monument, il faut un piédestal a sa mesure. Maintenant vous me comprenez, vous venez de boire une gorgée de « Paris sous la neige » et dans l’ivresse vous avez marié Piaf a Joplin, parce que dans ce morceau se mélangent tendresses et batailles, parce que cette gouaillante parisienne trouble les indécis entre ces blues et ces punks. Moi j’ai bu une goutte sans le savoir un jour dans l’univers virtuel, et j’en suis encore saoul, je vous invite a ma beuverie. Dans cette folle polka qui suinte entre 50’S et demain, où le français et l’anglais n’ont de frontières, vient s’inviter celui qui a toujours su être là où il doit être quand l’alcool est bon, dans chaque guerre et chaque révolte, dans chaque orgie et chaque… orgie, l’iguane, l’animal, celui que je n’ai jamais vu se tromper, Iggy Pop, pour tatouer sur cet Ep.

De Demi Mondaine un peu plus de graisse pour le moteur chromé de l’engin infernal, une couche de soufre a l’arrière gout vicieux, ce « privates parts ». Il y a un mot espagnol très approprié pour ces dames qui sont aussi reines qu’enfants, « chulas », celles qui vous toisent parce qu’elles vous dominent de la tête aux pieds, impossibles de détrôner ni par un mot, ni par un amour, et c’est le compliment que fait Iggy a Demi, la force fière féminine, il ne se trompe jamais (j’ajoute que Demi Mondaine est en studio actuellement avec Edith Fambuena, rien que ça, mais c’est mérité). Puis il y a Zombie, question de montrer qu’on sait parfaitement jouer sur tous les terrains, tout en préservant l’attitude et l’univers, comme une carte de visite, l’effigie, le symbole, et l’idée claire que Demi, hors des salons de velours rouge, quittant l’habit de Betty Page pour celui de cat woman, aime aussi feuler comme chatte sauvage les scènes , et au cas ou mettre feu aux salles a rock, comme les meilleures bêtes a concert du paysage sonique.

Electric Light respire la sueur de nuits immorales, la voix joue sur les instants, là je me calme, là je souffre, là je vous broie, la sensation que l’alcool descend déjà dans la gorge, la brulant peu a peu dans sa lente invasion, laissant traces d’hérésie, de crasse, de fantaisie innommable. Et ce n’est que l’antichambre d’un prochain disque, ce hall d’entrée victorien, baroque et libertin dont la porte nous donne accès aux canapés vermillon de bordels royaux, j’ai hâte de m’y assoir, et puis boire, boire encore, jusqu’à plus soif, jusqu’au coma.




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