Sur la pochette de son album, Jeremy a de faux airs à Lou Barlow, le même regard fuyant derrière des lunettes d’étudiant attardé par le besoin de parler sur de la musique. « How we becam » est pourtant loin de Sebadoh ou de Sentridoh, on peut même faire difficilement plus éloigné, l’un fonçant sans ce soucier des moyens, l’autre rêvant de luxuriance, jouant avec ses moyens une partition d’apprenti sorcier. Cousin bâtard de Beirut, Jeremy Warmsley combine écriture stylisée avec des années d’écoute de pop anglaise allant des Smiths aux Boo Radleys, contrariées par des hymnes mainstream. Tout cela fini par aboutir à des chansons incroyables, parmi lesquelles l’hymne « dancing with the enemy » bombe dansante et festive rappelant le meilleur de Steevie Wonder. Mais ce regard perdu ne pouvait se sentir à l’aise que sur des chansons à la mélancolie débordante, de « loose my cool » à l’impressionnante « i keep the city burning » renvoyant l’outrageant Rufus Wainwright à ses études. Capable de folk song basique mais parfaite (« boat song ») Jeremy, se ballade au grés de ses inspirations multiples, finissant par un pop song pour stade avec un« temptation » digne de la grande période de James, le tout avec un air distant, un regard fuyant, un air timide. Un très bon disque polymorphe.