> Interviews



Interview réalisée en février 2007. Merci à Cyril d’Arbouse Recording.

Alors que Thousand&Bramier s’apprêtent à débuter une mini tournée à travers la France et la Belgique, Ada a voulu en savoir un peu plus sur ce qui fait avancer notre duo dont l’album The Sway of Beats fut assurément l’une des plus belles sorties de l’an passé.

Qui se cache derrière Thousand& Bramier ?

— On a beau se retourner, on ne voit personne. C’est inquiétant votre histoire...

Pourquoi Thousand et Pourquoi Bramier ?

— Les voies du pseudonyme sont impénétrables. Le tout c’est que ça vende pas et qu’on arrive pas à s’en souvenir.

Quelles étaient vos activités respectives avant la formation du duo ?

— Beaucoup de sports motorisés, de jeux d’argent, et de barbequious en famille. Sinon, Bramier faisait partie d’un groupe de post-rock, Madrid, et Thousand jouait dans des groupes obscurs à visibilité réduite.

Vous vous êtes rencontrés dans quelles circonstances ?

— A Grenoble, via une bande de copains musiciens, à la fin des années 90 et puis plus précisément à Paris où nous avons commencé à penser à un projet musical.

Comment s’est passée la rencontre avec Cyril patron d’Arbouse ?

— Guilhem le connaît depuis longtemps, depuis l’époque du label Les Disques Serpentine. Au moment de trouver un label avec qui sortir le premier album il a été quasiment le seul à vouloir s’y coller.

Et que vous apporte une telle structure ?

— Cyril fait son travail avec le vrai goût de l’amateurisme. C’est unique. Trop de petites structures se revendiquent alternatives ou indépendantes en ayant le seul but derrière la tête de réussir un coup pour jouer dans la cour de grands. Cyril a un boulot à côté comme nous. On n’attend rien de ce truc, c’est juste un loisir qui nous prend beaucoup de temps.

Thousand&Bramier qui, il me semble, ne devait être qu’un projet de courte durée s’est transformé en groupe à part entière. Qu’est-ce qui vous a poussé à poursuivre l’aventure ?

— On ne se tape pas encore sur la tête et personne n’a eu la décence de nous dire qu’on faisait vraiment des morceaux de merde, alors on continue. Désolé.

Dans quelles conditions s’est déroulé l’enregistrement de The Sway Of Beats ?

— A la cambrousse en Haute-Loire près de Craponne sur Arzon (ça déchire non ?) d’abord et puis une deuxième phase quelques mois plus tard à Marseille accueilli par une compagnie de théâtre, le Cosmos Kolej.

Pourquoi n’avoir écrit qu’en anglais ? Est-ce volontaire, la langue de Shakespeare s’est imposée à vous naturellement au vu du genre de musique que vous jouer ?

— Guilhem : À vrai dire je n’ai pas grand chose à raconter alors du coup l’anglais permet de chanter en étant peu ou pas compris. Milo fait de vrais textes, il maîtrise la langue bien mieux aussi. Il a vécu en américa !

— Milo : En fait, de jouer de la musique à consonnance américaine et d’écrire en anglais n’a rien d’exceptionnel. On a tous formé notre oreille à une musique en majorité anglosaxonne, qui du coup a forcément déteint sur nos imaginaires respectifs et sur notre manière de concevoir et de faire la musique. Les accents toniques et les sonorités de l’anglais permettent facilement d’écrire des textes rythmés idéals pour des paroles de chanson et de créer un univers avec des paroles simples et imagées en employant une syntaxe simple ou destructurée. Certains textes relèvent du cut-up et de l’écriture automatique (sans aucune volonté avant gardiste dans le procédé) et d’autres sont plus pensés, reflètent un imaginaire poétique fondé inévitablement sur des inspirations d’ordre littéraires et cinématographiques, en majorité américaines.

Qu’est-ce qui vous à inspirer pour composer cet album et en écrire les textes ?

— On se charge comme des bêtes et on écrit sur les murs avec de la merde tout en enregistrant nos barbarismes. Après on mate et on kiffe.

Votre album sent à plein nez la belle Amérique. C’est en filigrane une façon de lui rendre hommage ?

— Boaf pas à l’Amérique. On ne veut rendre hommage à personne, on veut juste jouer de la musique de cow-boys. On ne revendique pas un projet avant-gardiste, on joue des trucs entendus sans doute mille fois mais on aime ça.

D’ailleurs en matière de culture américaine (musiques, livres, films) quels sont vos modèles, vos influences communes ou particulières ?

— Guilhem : J’aime Fante, les routes en ligne droite avec une ligne jaune peinte dessus. J’ai bon ?

— Milo : Hunter S. Thompson, Sam Peckinpah, Terence Malick, Michael Cimino, William Buroughs, The Flying Burrito Brothers, Bob Log, Mississippi John Hurt, Fred McDowell, Johnny Halliday...

On ressent à son écoute un fort penchant pour la mélancolie. C’est un état d’esprit qui vous caractérise ?

— Non je crois pas. On est plutôt des boeufs joyeux. C’est peut-être la musique qui nous fait prendre conscience qu’on n’est pas des lumières et ça nous rend tristes.

La presse spécialisée a salué unanimement votre travail est-ce que cela vous a ouvert plus de portes ?

— Ah bon ! C’est qui la presse spécialisée ? En tout cas pas de portes-ouvertes, mais bon on ne cherche pas à les ouvrir alors qu’elles restent fermées. Vous parlez peut-être des portes de la perception ?

Que représente la scène pour vous ?

— Un bout de bois avec des tocards dessus et des couillons en dessous. Les uns jouent fort les autres payent cash ! Non je rigole les gars en bas ne sont pas des couillons. On aime notre public, on lui doit tout.

Qu’attendez-vous de la tournée qui s’annonce ?

— Un max de meufs dans les loges et des bagarres après le show.

D’ailleurs vous envisagez d’autres dates ?

— Oui si on en trouve, mais c’est super dur.

Allez-vous être accompagnés par d’autres musiciens sur scène ?

— Un seul : Cyril SECQ. Guitare et clavier. Un marseillais qui joue dans Astrïd, un chouette projet de musique contemporaine (d’ailleurs également sur Arbouse)

Allez-vous intégrer de nouveau morceaux ou des reprises à votre Setlist ?

— Quelques uns, 4 ou 5 je crois et une reprise de Bruce Springsteen (State Trooper).

Pouvez-vous nous parler de l’artwork du disque que l’on retrouve aussi à la base de votre joli site internet ? Que signifie-t-il ?

— On avait déjà décidé du nom de l’album alors j’ai fait un dessin que m’évoquait ce titre. Mais si on le regarde à l’envers, on y voit clairement un pentacle satanique. C’est Pierre SEVILA qui a fait le site. Un mec cool, qui sert un peu à rien mais on l’aime beaucoup pour ça. Il aime regarder les vaches courir après les hommes et ça c’est bien.

Qu’est-ce que vous écoutez en ce moment ?

— Guilhem : Pas grand chose. Des trucs de Chostakovitch, le disque de Healthy Boy, et Blue Train de Coltrane.

— Milo : "On the beach" de Neil Young, "transnational speedway league" de Clutch et Francisco Lopez.

Pouvez-vous nous parler de vos projets futurs (en solitaire ou communs) ?

— Un album à venir. Plus tendu, moins folk et peut-être même un chouïa psychédélique.

On vous laisse le mot de la fin ?

— Non merci, on en a déjà un.



 chroniques


pas d'autres chroniques du même artiste.

 spéciales


aucune spéciale pour cet artiste.