Dans la grande dictature de la musique indépendante, le droit à l’amusement, à la communication de la joie sont proscris. N’ont le droit de citer que les caractères vifs, les mélancoliques maladifs ou autres broyeurs de noir poétiques. Comme dans le cinéma d’auteur, la place est réservée à l’austérité, même si à la longue on décèle une marque de fabrique et un gimmick énervant. Luna via ce Romantica s’essaye à la joie dans un disque casse-gueule. Dés Lovedust on dodeline bêtement de la tête sur cette pop inoffensive et malicieuse. Depuis bien longtemps nous n’avions pas été aussi bien accueilli dans un disque. Sur Whird and Woozy la cohorte pleurnicharde de la chapelle indée sautille en s’inquiétant de ne pas avoir l’air con. Luna finit en deux morceaux la destruction de nos brides trop souvent ridicules. Mais attention, là où l’album réussit son essai, c’est que derrière le premier tube de vacances dont vous n’aurez pas honte (Black postcards) se cache une face noire. A Luna d’enchainer balade et promenade velvetiennes pour notre plus grand plaisir. Car outre le fait de réussir le disque d’été parfait, Romantica pourrait bien s’imisser dans les camping et polluer divinement les soirées mainstream (on peut toujours rêver !). Il pourrait alors savourer une victoire, celui de vivre contre la peur de mourir. Il est même à parier que Cioran se serait perdu à aimer.