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  • 11 janvier 2008 /
    OutKast
    “Speakerboxxx / The Love Below”

    rédigé par Onze
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Selon toutes apparences, un des meilleurs disques de l’année écoulée serait l’œuvre d’un groupe mainstream, d’un groupe de hip-hop, d’un groupe à hits planétaires (Ms. Jackson). Affirmation tout à fait exacte, ce détail mis à part : cet album en est en fait un double ; le premier consacré à la frime rap de Big Boi, moitié du duo OutKast, le second aux expérimentations funk psychédéliques (Funkadelic ?) d’Andre 3000, son comparse. Face à cet assaut de plus de deux heures de musique, on ne peut qu’être renversé, ahuri par l’inventivité d’OutKast. En une phrase, le duo a assimilé plus de cinquante ans de musique noire pour en offrir une relecture tournée vers l’avenir, non une redite, mais une fine utilisation au service d’une écriture personnelle et originale. A la réflexion, il faudrait tout de même noter que ceci se vérifie surtout dans le cas de The Love Below, partie d’Andre 3000, auteur fantasque et inspiré, personnage impensable, complètement barré du paysage hip-hop américain. Son esprit déjanté nous sert une musique …déjantée et totalement jouissive sur le thème de l’amour, exploré sous toutes les coutures, du kitsch au romantique, d’une écriture folk (Take off your cool, sublime duo avec Norah Jones, intégrant des chœurs gospel) à une pop rebondissante (Hey ya !, tube imparable et pourtant incontestablement expérimental). Cependant, avant tout, l’écriture d’Andre est extra-terrestre, hallucinée et hallucinante, empruntant des voies peu explorées (l’hypnotique et fantastique Pink & Blue, un des rares titres minimalistes issu de The Love Below) ou vieilles d’un demi siècle (The Love Below, qui semble tout droit sorti des 40’s). Non, décidément, de l’ectronica mêlée au jazz de la reprise de My favorite things, de l’inclassable Live in war au tubesque et superbe Dracula’s wedding, ceci n’est pas du rap. C’est tellement plus, plus qu’une rappropriation même, c’est une échappée directe, une expérience géniale vers les plus hautes sphères de la musique actuelle. En opposition, du beaucoup plus classique Speakerboxxx de Big Boi, nous retiendrons une maîtrise totale des formules rap le menant vers son dépassement. Et si The Love Below peut lui être supérieur dans son audace, il faut reconnaître à ce disque très fortement teinté d’électronique l’efficacité qui est sienne, c’est à dire celle d’un album contenant quelques excellentissimes bombes hip-hop, comme l’ultrarapide Ghettomusick, le déstructuré War, ou encore Church, Flip Flop Rock, incroyablement bon, Reset, plus atmosphérique etc. Moins original dans ses textes et sa matière musicale, Big Boi n’en réalise pas moins un superbe album, complémentaire à son faux jumeau délirant par Andre 3000. Et rangés ensemble sous la bannière OutKast, ces deux disques donnent lieu à l’expérience la plus passionnante et essentielle de la musique noire des dernières années. Grandiose, énormissime. A découvrir, écouter, écouter encore et applaudir absolument.




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