Nos vies sont désormais rythmées par le dépassement de pics – pollution, chaleur, violence, mortalité, bêtise – qu’invariablement l’on croyait indépassables, le pire étant nos réactions blasées, face à un réel qui continuellement se dégrade. Forts de ce constat, deux ex-membres du groupe folk rock montpelliérain Volin, soit Colin Vincent et le percussionniste Maxime Rouayroux, se sont lancés, durant la crise sanitaire – encore un disque pandémique, allez-vous penser, et oui, il faudra un jour analyser ce phénomène : avons-nous gagné en noirceur ? –, dans l’enregistrement de Le pic de tout, publié par le label parisien Upton Park (Stuck in the Sound, Nosfell, Im Takt). Faisant suite au EP Electrochoc paru en début d’année dernière, enrobant ses chansons électroniques downtempo de synthétiseurs analogiques, de guitares électriques arpégées (Devant), de hiatus stellaires et de batterie électro-acoustique, le duo Muet décide de ne pas se taire et, en dix titres (dont une étonnante reprise de Claude Nougaro - Le cinéma) aux textes sombres et imagés, chantés d’une voix blanche parfois nimbée de réverbération, nous offre un regard lucide sur le rapport de l’homme au chaos, entre révolte et résignation - mention spéciale au bouleversant Les Sirènes, dont la lente montée hypnotique jamais ne crèvera son ciel nuageux ; frustrant, mais beau.