Quoi de plus proche de la lumière que l’obscurité ? Durant l’enregistrement de Bring Back The Light, la multi-instrumentiste Delia Meshlir a perdu sa grand-mère et momentanément rompu avec sa famille : il lui a fallu réaliser un travail sur elle-même, pour guérir et revenir à quelque chose de plus authentique. L’altérité est au cœur des projets de la musicienne lausannoise : compositrice depuis l’âge de dix ans, un pied dans le blues-rock (Cheyenne) puis dans l’expérimental (Primitive Trails), Delia trace son chemin, seule – elle sort son premier album en 2015, Stories From Vacuity – et accompagnée (le projet Berceuses, avec sa compatriote Émilie Zoé), tendant désormais vers l’indie. Publié par les labels suisses Irascible Records et new-yorkais Ba Da Bing Records, Bring Back The Light, derrière une jolie pochette vintage rappelant les 70s, s’ouvre sur une ballade nuageuse eighties dont le chant évoque Patti Smith (Love), puis la tonalité monte sur le titre suivant, Moving On, slow solaire porté par des accords de piano plaqués et des vocalises éthérées, entre soul blanche et gospel, la Californie n’est pas loin : en témoigne le mid tempo My Only Child, dont la longue fin est illuminée par un bon gros soli de guitare électrique. Parfois, quand le chant se feutre ou se fêle (Goodbye California), on pense à Cat Power et ses productions récentes, rondes, apaisées, classic rock pour les trajets en voiture – sauf à considérer les arrangements à base de violoncelle, de saxophone et de clarinette, pour renforcer les chorus et assouplir de douces volutes les épilogues : l’americana avec une touche jazzy, à l’instar de la talentueuse Norah Jones. Cœur de l’album, The Lights From The Sky, ses guitares arpégées réverbérées et son hiatus acoustique, synthétise l’ambition lumineuse de son auteur : élégant et aventureux, dans un registre ouaté, Bring Back The Light nous offre un bien contemplatif voyage.