Chaque trimestre, depuis deux ou trois ans, nous recevons une enveloppe nous arrivant du Canada et je tiens à vous rassurer la dernière livraison ne sent pas la fumée. Par contre, comme dira ma fille qui oscille en sa période adolescente entre un post punk glauque et la putréfaction culturelle de la musique sud-coréenne, " je ne sais pas ce qu’ils fument dans tes disques, mais là, je crois que les dames (pas le fromage) n’ont pas fait infuser un sachet de thé thym menthe ". Car reconnaissons le, une bonne partie de ces productions tendent vers ce que les initiés appelleront de la musique contemporaine, et les non-initiés de ces disques qui trôneront en haut du top cinquante des mamies respectives. Ce According to the Moon du duo Sarah Albu & Gayle Young (Sarah Albu , chanteuse montréalaise , et la compositrice canadienne Gayle Young), ne dérogera pas à la règle, et pourrait remporter la timbale du disque le plus timbré qu’il m’est été donné d’écouter depuis des lustres (écoutez Tea Story et revenez me voir ensuite avec la posologie pour soin intensif.). Si j’osais, ce disque serait comme la rencontre des doppelgänger de Bjork et Yoko Ono, et de la fille cachée de Karlheinz Stockhausen, non pas pour sévices, mais, car elle ne supportait plus les folies de son père, ne pouvant même plus faire de la balançoire sans être décoiffée par les hélicoptères qui décollaient quand son père jouait avec sa baguette. According to the Moon n’est pas en soit une souffrance auditive, il y a toujours une forme de patience et de bonté à se voir offrir les fruits créatifs, c’est avant tout une expérience qui fera que celui qui vous entendra écouter cela ne vous regardera plus de la même façon (je viens de croiser un regard plein de stupéfaction d’un marcheur alors que j’écoute ce disque sur la terrasse de mon chalet de vacances.) voyant en vous un téléspectateur du jour du seigneur atteint par un syndrome altérant sa vision du monde. Promenade cintrée au pied du petit jésus.