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Ce soir, j’ai envie de fun : après une semaine de bureau aussi palpitante que les 357 précédentes et les 752 à venir, je me dis qu’une injection de hip-hop slacker lo-fi déluré accompagnera avec grâce et volupté les milliards de bières que je vais me coller dans le bide et dans la tête (l’alcool, quelle saloperie, quel bonheur), d’autant plus qu’à ADA nous avions certes acclamé First Jets, singulier EP publié en 2018 (« Un vent de fraîcheur, que dis-je ? À grand coups de clacos AOC, les Man Foo Tits shootent dans la fourmilière avec une nonchalance évidente, cassent les repères, mélangent les pistes et brouillent les styles. »,) mais sommes passés à côté de l’album Seulement In It, paru deux ans plus tard.

Je dis ça rien, je dis rien. Oh, comme je déteste cette expression, à l’instar de tant d’autres (au jour d’aujourd’hui, en vrai, du coup, j’avoue, en fait, dinguerie, ma meilleure vie, ça fait plaisir) !!!

Il est venu le temps, non pas des cathédrales, mais bien de remettre au centre du village mondial un duo finistérien azimuté – Henri Wimp alias Lord Wimpy et Prince J alias Delgado Jones -, avec un Rémyx gorgé de remixes et d’invités as cool as fuck, Chapi Chapo et John Trap en tête. Dans une lignée DFA Records, chant branleur en franglais à l’appui, le duo punk, dada et groovy excelle, entres mélodies irrésistibles et arrangements infusés à l’électro baveuse, et nous fait headbanger (de la tête) dans notre saloon parisien.

Il y a du Trotski Nautique, du Katerine et du Svinkels dans l’air, mais en version cringe hard cheesy, casquette Vans à l’appui. La dégénérescence culturelle américaine au huitième degré, vue de Brest, ville par essence imperméable à la connerie ambiante et à la frime, car bâtie au bord du vent et du gouffre existentiel, comme si l’on y marchait en permanence sur un rasoir mental qui annihile toute posture superfétatoire. Un hiver finistérien, un seul hiver, et votre âme est translucide, comme passée à la javel.

Binic or Deauville ? Telle est la question posée dans le morceau éponyme, issu de Seulement In It, dont Rémyx est le parfait complément. Comme dirait el famoso Jean-Pierre Fanguin, la question est vite répondue. It’s obviously Kafkaien. On est les boyzz, les fucking boys. La ligne directrice libertaire de Man Foo Tits, à coups de basses saturées, de beats sourds, de collages sonores inattendus et de vocaux wanker (ouais, du vocoder, sérieux ?) et néanmoins précis, irrigue un corps mou (le mien) en manque de spontanéité.

A l’instar du génial Howlin’Grassman Vs Stompin’Bigfoot (vive le Finistère, bordel !), le duo balance la sauce dans une sorte de vide critique qui m’irrite grandement : mais putain, pour un Man Foo Tits qui évoque tant (Beastie Boys, Al Green, Sparks, Sleaford Mods, Jacno, Elmer Food Beat, AC/DC, etc.), combien de chroniques élogieuses et paresseuses à destination de chanteuses à frange folk et de « projets » de synthpop minables que je ne rapporte que par pure pitié ? Les Man Foo Tits sont plus sexy que ta mère, ta sœur et ta copine, qui de toutes façons, une fois qu’elles auront bu et dansé jusqu’à l’épuisement, t’avoueront à quel point tu les ennuies, parce qu’elles préfèrent mover du boule sur les compos de nos deux bretons frappadingues, au milieu d’une horde de fans en furie – dont je fais partie, bordel de merde !




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