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Talamenca, riante cité de la comarque de Bages, proche de Barcelone, à la population réduite (219 habitants) et dont l’histoire fut marquée par les guerres et la peste noire (what else au Moyen-Âge ?), est le point de départ du cinquième album d’Antoine Loyer, enregistré sur place durant l’été 2019 – dans une vieille maison louée pour l’occasion ainsi que dans l’église du village – et avec les moyens du bord, l’apport du groupe Mégalodons Malades et un mixage signé Borja Flames à l’appui.

A l’image des comptines sauvages des filles d’Alice (L’Oiseau Magnifique) et de la fibre régionaliste / universaliste d’un Sourdure, nimbé de poésie surréaliste (du taquin Marcel Duchamp aux faiseurs faisandés Arlt – si tant et soit peu il s’agit de poésie, il faudrait poser la question à Apollinaire), Antoine Loyer rend hommage tout autant au folklore du pays qui a vu naître Talamanca qu’à la drôlerie amusée des troubadours qui passaient de plaines à bocages pour divertir le peuple avide d’amusements.

En ce sens, Talamanca rend la parole au peuple, tel qu’oublié et méprisé par leurs gouvernants : Chant de travail rappelle les mélopées des travailleurs, qu’ils soient aux champs, aux rames ou à la lessive – le chanter ensemble, et on le retrouve jusque dans le blues et la country, est une résistance contre l’oppression, même s’il est également question d’honorer le temps libre et la pêche à la mouche. On se souviendra qu’avant la prise du pouvoir par les bourgeois libérateurs et l’industrialisation égalitaire, les populaces disposaient d’un temps libre plus large qu’aujourd’hui. Le droit de vote contre les semaines de sept puis six puis cinq jours de boulot, la belle arnaque.

Et donc, à coups de guitares classiques pincées et de vocalises barrées, Antoine Loyer fait preuve d’une liberté calme et amusée, citant parfois les bourdons de musiques folkloriques dont il ne fait pas non plus une fin en soi, parce que sujets tergiversés. Il y a du fantasmé dans le Parisien fictif qui se nourrit de patates douces et de barbecue, et puis en fin de nuit et de sauce, se mord la tête. Ah, moquer, le Parisien ! Mais les patates douces, c’est une vraie préoccupation, telle que décrite dans Robin l’agriculteur d’Ellezelle !

Au travers des travers décriés de nos congénères urbains (Tomate de mer), on perçoit une critique du mode de vie contemporain, et la course qui s’ensuit, la course débile au rien et au futile, mais bon, comment s’en exonérer, si tant et soi peu on en a envie ? Alors chantons tous ensemble, comme dans le merveilleux Jeu de dés pipés ! En route vers Un monde de frites !




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