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Les meilleurs films du monde sont ils ceux que nous ne tournerons jamais, et dont le scénariste, qui lui n’a pas de soucis à ce faire avec l’IA, trempe sa plume dans l’encre noire et profonde de nos rêves. Le concept album de la musique qui ne sera jamais, est certes un concept éculé (combien de références chez Glitterhouse, chez Talitres.....) mais il conserve la vivacité et la créativité nécessaire pour ne pas être le disque de plus.

Holy Bones (composé de François Magnol, Michael Clément, Damien Litzler, Rémi Mercier et Vincent Travaglini) a choisi de nous conter une histoire sous le soleil plombant de l’Arizona, et des plaines où seul le Stenocara arrive à survivre sans une citerne d’eau arrimée à son moyen de locomotion. Plutôt que de tenter un résumé aléatoire, voici le storytelling tel que la feuille de presse nous le présente (une première pour nous de recopier)

Suite à une rupture aussi inévitable que douloureuse (How sad i feel), le garçon n’a plus qu’une idée en tête, prendre la route, en quête de sa propre âme perdue. Mais ni l’auto conviction des bienfaits de la solitude lt’s gonna be alright ?, ni les affres de la fête et des stupéfiants (Smoke and Dreams) ne vont combler le vide qui le ronge, il erre dans le doute, planant et sans certitude (Wait), Alors c’est la fuite, instinctive et jubilatoire jusqu’au Mexique Llorana, tifre en espagnol. Là-bas, il se perdra dans le désert, pour y abandonner ses souvenirs comme un Eldorado qui n’existe plus Eldoraclo mi amor, titre en français ). Dans le silence des grands espaces, à la faveur de [a nuit et de cette atmosphère mystique, il s’enfonce plus loin dans son introspection, la question de dieu se pose avant d’être abandonnée (Bad preacher song), puis il se baisse vers les forces de la terre aride, prête à boire tous les chagrins (Behind the door / Blind). Venue de nulle part, une rencontre sans lendemain, breve et intense, accident de cette vie parallèle qu’est la fuite (Front nowhere), fait renaître les douleurs du passé mais surtout I’espoir remet la machine en route. C’est le début d’un nouveau chapitre avec en ligne de mire la patience comme vertu, la fidélité à soi-même et l’envie(There we are). Enfin, une rencontre solaire achève de le réparer Keep on keeping on. L’épilogue livre une promesse d’avenir et de bienveillance envers I’autre, soi-même, ou un enfant à naître ... selon où se cachent l’Eldorado et l’âme perdue de chacun Time is on your side).

Le décor et l’intrigue plantés, reste à savoir si le tout tient la route. En vingt plages musicales, le quintet installe un climat qui déjà colle avec l’unité de lieu. L’atavisme avec la musique de Calexico (Keep on Keeping On) allant jusqu’à citer le groupe. Si la voix n’a pas la puissance parfois érotique de Joey Burns, et que la section rythmique ne touche pas cette forme d’apogée qu’est le jeu de John Convertino, c’est un hommage qui est rendu, non pas une tentative vouée à l’échec de faire du, juste le désir de s’inspirer de. Pendant cette ballade des deux côtés de la frontière mexicaine, ils n’oublient pas d’où ils viennent (un clin d’œil aux Thugs) et nous prendre aux tripes (l’ouverture « How Sad I Feel » pourrait bien vous faire chialer dans votre bière, dans un cabaret aux boiseries recouvertes d’un velours élimé.). Dans leurs valises constatées d’un matériau américain, la mélancolie érudite d’une Europe trop cérébrale (les artefacts façonnés par Radiohead ou les Tindersticks, sont parsemés sur le chemin) trouve sa place.

Alors si vous avez votre scénariste intérieur en vacances, si vous avez comme moi, des plongées dans les entrailles du métro parisien, et que vous êtes incapable de lire dans l’inconfort, mettez vous Alma Perdida dans les oreilles, et offrez vous un road-movie solaire, au magnétisme parfois gauche, mais à la sincérité prenante. Rêvez avec Holy Bones.




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