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Continuons notre escapade dans le champ pas toujours bien exploré de la musique électronique Allemande. Groupshow est un trio composé d’Andrew Pekler, Hanno Leichtmann, Jan Jelinek. Connu par ma petite personne suite à leur travail en 2008 autour du film d’Andy Wharol « Empire », Groupshow n’avait pas matérialisé leurs explorations sur disque. D’ailleurs, le concept même de cette musique a-t-il dans ses gênes le fait de devoir être gravé ? Cette question, je la laisse aux philosophes ou aux travailleurs de l’ombre pour mouche, me jetant comme un gamin dans cette fausse compilation. Car il n’est pas ici question de fusionner la substantifique moelle des enregistrements du trio, mais d’un condensé d’archives enregistrées ou jouées en live, dans une période allant de 2005 à 2018.

Provoquant l’interaction sans la rentre obligatoire, les trois musiciens, inspirés probablement du mouvement Fluxus, imbriquent dans un tableau des carrés dans un triangle, un rond dans un rectangle, un losange dans un carré sans utiliser la force d’un marteau. Comme des enfants malins et hilares, ils polissent, râpent, rognent afin que tout s’imbrique tant bien mal, sans jamais pour autant laisser une surface lisse (Postcard Dimension). Et c’est bien ce qui séduit dans cette démarche, c’est le retour à une forme d’instinct enfantin agrégé sur une maîtrise totale de son outil. Il faut se voir porté par « It’s Not Just Country Birds That Are Attracted (To This Blue Glass Bird Bath) » comme un cœur qui se verrait remplacé progressivement par des jouets. On pense aux travaux de Pascal Ayerbe sur le sujet, mais ici avec l’épée de Damoclès du cœur qui pourrait rapidement s’arrêter sous les attaques de ces scories sorties du laboratoire de Pierre Henry. À l’instar de « Not Your Ordinary Blanket »les titres oscillent entre constructions binaires et improvisations bruiteuses et joueuses, ayant comme unique resserve quant à l’improvisation, de guetter le moment qui pourrait nous voir basculer dans une posture traduisant notre ennui. « Greatest Hits » nous gardera tout au long de ces dix titres dans un état d’éveil maximum, provoquant même chez nous un mimétisme entre ces rythmiques changeantes et nos corps trop souvent immobiles.




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