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Mathieu Boogaerts, je ne vous dis pas merci. Je sais que je pourrais vous tutoyer depuis le temps que je vous connais, depuis vos débuts avec ce clip mythique chez les coiffeurs, et ces premiers passages chez Lenoir. Depuis vos mélodies qui ne payent pas de mine, mais qui à l’intérieur pètent le feu, hantent mon pauvre cerveau, celui-ci arrivant à se désengorger quand vous arrivez, laissant toute la place à vos chansons. Pas un jour dans la semaine sans que nous instaurions chez nous un moment Boogaerts, un temps calme pendant lequel nous nous purgeons, comme une séance de Yoga avec comme professeur, vous et votre douceur, votre fausse candeur qui n’en est pas moi une vraie philosophie de la minutie de l’instant. Mais là Mathieu, je ne peux vous dire merci. Vous venez d’anéantir deux ans de travail au corps, afin que ma fille de onze ans travaille son accent anglais. Une langue servant à communiquer, je lui ai fait comprendre que la prononciation servait. Et là, du haut de son adolescence naissante, elle se leva face à moi qui m’extasiais sur votre nouvel album enregistré à Londres, tout en anglais. Elle me balança avec une jubilation qui n’avait d’égal que les mouvements doux que mon corps faisait en réponse à vos chansons (à ce niveau, vos arrangements sont proches de la perfection que seule les communautés d’insectes savent nous offrir.), « tu vois, il parle quand même pas super bien anglais, je comprends presque tout avec mes deux ans d’Anglais, et pourtant, tu trouves cela génial ». Face à cette perfidie, cette arrogance juvénile, j’essayais avec mauvaise foi de lui démontrer qu’il y avait dans ces textes un écho à la simplicité des chansons, à cela, elle me rétorqua « ben en même temps, tu dis toujours que les chansons de Boogaerts, elles sont super, car elles paraissent évidentes, mais elles sont très complexes ». Là, je repensais à Bill et son bowl of water, à mes voyages scolaires, à la force d’être sur la terre que foulaient mes idoles de l’époque, venant pour la plupart de cette île et à mon accent qui faisait que la confiture pouvait se confondre avec le jambon et l’inverse. J’ai ravalé ma fierté, j’ai accordé de la souplesse à ma fille, qu’elle employa elle aussi pour se lover sur les lignes musicales de vos chansons d’un exil au charme évident. Le subtil décalage d’un voyage linguistique avec dans les valises les mélodies du bonheur simple. Merci Mathieu.




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