Sorti à la fin du mois d’avril, le second album de Princess Thailand fait partie pourtant, et elles ne sont pas si nombreuses, des rares bonnes nouvelles que ce temps d’arrêt imposé (suspendu dirons les optimistes, plus simplement volé penseront d’autres que je rejoins), aura apporté.
Si en 2006, Loyala sur l’intemporel It Will Shine voyait l’éclat et la lumière à travers le prisme d’une pop folk à l’élégance intemporelle et projective, en 2020, les cinq membres de Princess Thailand voient, pour leur part, cet espoir se matérialiser par le vecteur d’un rock dense, abrasif et furieusement incarné dans l’instant.
Il y a, à l’écoute de ces sept morceaux, peut-être comme un écho à l’époque, un sentiment d’urgence, d’alerte qui s’en dégage. Dès l’ouverture de First Time, les claviers posent une nappe qui semble sonner le rappel, comme un point de ralliement autour duquel guitares, basse et batterie ne tardent à venir nous imposer un réveil, sec, direct, puissant. Enfin en éveil, la puissance quasi martiale de la batterie sur Sonar fait vibrer à peu près toutes les cellules du corps de longues minutes encore après la fin du morceau.
Ce même sentiment d’alerte, d’urgence, se dégagera un peu plus encore sur Now/Where, morceau complètement addictif lui aussi traversé dans sa seconde moitié par cette alerte sous-jacente et à la puissance une nouvelle fois sidérante. Un des tubes en forme de mantra de l’été 2020 assurément. Peut-être pas au camping des flots bleus, mais dans les bureaux virtuels d’ADA assurément.
Si l’intensité sonore atteint un pic sur l’éponyme We Shine (épileptiques s’abstenir), et reste prégnante très largement sur Night After Day et Into Her Skin, ces morceaux réussissent, dans leur variations et influences, à libérer un peu de tension à l’auditeur et d’espace aux arrangements et à la voix fabuleuse d’amplitude de Aniela Bastide qui, outre le fait de réussir à affirmer sa force et sa rage à vif sur fond de déflagration sonique, parvient sur ces deux morceaux et encore plus sur le sublime In This Room à couvrir un spectre plus nuancé presque aérien, envoutant et totalement irrésistible.
Ce qui est certain, à l’issu de ces 32 minutes à la fois tranchées et tranchantes dans leurs orientations sonores mais subtiles dans leurs variations affectives, que l’on tient là avec And We Shine un diamant noir sur vinyle rouge essentiel à notre réel déconfinement physique et mental. A Découvrir Absolument.