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Allongé sur un océan de Musique, l’esprit frôlant les hautes sphères du beat parfait, le jeune André se délecte de bon son, s’abreuve jusqu’à plus soif. La tranquillité de l’instant tranche avec la virulence de l’ouverture, quelques minutes plus tôt : trafic de came, clébards enragés et portes défoncées à coups de rangers fraichement cirées, autant de rythmes agressifs qui composent la bande son de Compton, la ville de tous les excès. L’album, quant à lui, marche dans les pas du film, casquette visée sur le crâne et fringues larges couvrant guns, couteaux et cicatrices boursouflées. Sachez-le, le gangsta rap n’est pas mort, bien au contraire, il patientait à l’ombre, ces 16 dernières années, rongeant son frein en attendant le retour du Docteur/producteur le plus chaud de la West Coast.

Dre nous plonge dans son impitoyable quotidien d’entrée de jeu, balançant de grosses instrus sans se faire prier.

« Genocide", avec son introduction des plus insolentes voit débarquer le kid le plus populaire du quartier... Kendrick Lamar, (présent sur trois titres) dégaine son flow chromé et mitraille l’auditeur avec une fluidité déconcertante . C’est à se demander s’il a pas dans l’intention de voler la vedette au Doc’, tant sa présence est marquée et ses couplets imparables... Les plus attentifs se délecteront des lyrics goût nostalgie, souvent ponctuées de punchlines efficaces (l’intro de "Loose Cannons", tordante d’ironie) . Les différents invités donnent l’impression d’y aller à fond, sans compromis , crachant verves et poumons, en souvenir du bon vieux temps, comme si rien n’avait changé.. Généreux, d’ailleurs, le doc’, puisqu’il laisse à Marshall Mathers le couplet le plus enragé de l’album, vers la fin (le flow du Mc est incontrôlable, comme habité d’une fureur inouïe, à la limite de la folie).

On pourra, sans rougir, affirmer que Dre n’invente rien sur ce coup-là, se contentant de faire ce qu’il gère le mieux : mixer et poser sa voix sur des morceaux à la production solide. ’Efficace’ est l’étiquette qui colle le mieux à ce "Compton", disque riche mais inégal (la seconde moitié, bof bof), indissociable de la fable cinématographique dont il s’inspire. N’empêche, il manque LA track tuerie, tu sais, le morceau qui te donne envie de claquer un coup de tête à ton boss puis t’esquiver de ton job, afin de conduire une décapotable gavée de dope et de jolies filles à la peau ébène, tout en agitant un flingue sous le museau des flics.. Quoique, si l’on met le refrain vocodé de côté, « Issues" ferait très bien l’affaire !




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