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Découverte en 2007 avec le EP « Not SoKute » et son imparable tube « I’ll Kill Her », Soko donnait la sensation d’un exorcisme live, d’une plaie béante que la musique cautérisait à peine. Coup de cœur, espoir de l’année. Sauf que l’artiste, de son vrai nom Stéphanie Sokolinski, est continuellement en proie à l’insatisfaction : « Soko is dead » pouvait-on lire, peu de temps après le buzz généré par ces cinq chansons, sur sa page Facebook. Remise des compteurs à zéro, hibernation, nouvelle identité. Véritable premier album de cette bordelaise exilée à Los Angeles, « I Thought I Was An Alien » charmait tout en décevant : sur une musique catharsis d’obédience folk, rage et frustration partaient ici un peu dans tous les sens (du reste, là était le but). De Soko, nous attendions alors un coup de griffe plutôt qu’une simple fêlure, un crachat au lieu d’une colère domestiquée.

Réinventée en proto punk new-wave, Soko, avec « My Dreams Dictate My Reality », poursuit le travail cérémoniel. D’un point de vue discographique, d’abord : entre révérences et emprunts, la demoiselle dégaine du The Cure à tous les étages. Certains n’y verront qu’attitudes, poses gothiques ou mascara dégoulinant. Nous pas : produit par Ross Robinson (le seul producteur metal pour qui nous éprouvons de la tendresse), les douze titres de ce nouvel album se réapproprient les basses gallupiennes à des fins strictement personnelles. D’où la seconde qualité de ces compos plutôt fracassées : la mémoire musicale ne sert ici qu’à conjurer les affres du passé. Sous des airs pop (« Who Wears The Pants ?? », grand single), « My Dreams Dictate My Reality » est un album rongé par la mort, la peur de vieillir, la fuite constante et le deuil impossible. Soko réussit là un véritable travail de fond et de forme : l’enfance The Cure est mise au service d’une nécessité psychanalytique, les émois new-wave sont intimement associés aux traumatismes originels liés à la difficulté de vivre adulte en toute sérénité. « I Have Peter Pan Syndrome » chante aujourd’hui Soko. En effet : nomade, indécise, tiraillée, cette possible Virginie Despentes de la sphère rock est une inadaptée sociale qui ne sait grandir qu’en musique.




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