« Tout ce que j’ai voulu dessiner dans mon enfance, Kramies l’a peint hors des temps. »

Cela fait un an, peut être un peu plus, ou moins, cela fait un an, disons, que j’ai découvert ce sixième sens, celui que nous cherchions tous, il était là, au calme de nous, juché sur nos montres et horloges, se sixième sens qui berce et caresse, l’enfance. A chaque son échappé de la matière lisse de ce disque fait d’éclats de lucioles et de ruisseaux à vairons, je retrouve la couleur d’un jouet de métal, la forme de l’automate, l’infini du lego. A chaque petit conte du cœur de bois, je plis des petits billets où j’ai noté les noms de ces monstres qui guettaient sous le lit, j’en fais des voiliers, j’en fais des mots. A chaque petite syllabe, je tourne dans le verre d’eau ce pinceau d’aquarelle, et retrouve les teintes sages des intimes paysages, puisque dans l’enfance, les couleurs ne furent jamais les mêmes, je joue dans le liquide à les redécouvrir, sur ces plages de vacances familiales, sur les dalles de cette maison presqu’effacée de ma mémoire. Déjà un an que la beauté c’est allongée doucement sur les portées de Kramies, et que mes émotions les ont déchiffrées le temps d’un plaisir, lues et relues jusqu’à l’infime, et relire pour ne perdre aucune goutte de cette menthe a l’eau qui valsait dans mon palais d’hier et a pour écho aujourd’hui, ces cordes de guitares vibrantes sont rires frais d’enfants sur les grèves, soleil d’été dorant les images, et ses chants sont les reliques en bocal ouvert de saintes images, les baisers volés et premières caresses, les regards qui regardent en dedans, quand il n’y avait pas de murs de honte, quand il n’y avait rien d’autre qu’un regard. Kramies est un provocateur soyeux, un exhibitionniste de lin et coton, d’images floues d’yeux enivrés de rêves et d’astres, qui attise le feux des nostalgie de beaux vols de mots, un Peter Pan, l’enfant a l’âme inerte, a l’horloge brisée, qu’on envierai si sa générosité ne nous offrait sans arrêt des flashbacks sur les sucettes rouges, les cerfs volants et le parfum de nos mères, cette peau qui couvre nos cœurs, sans vraiment protéger, mais évitant les froideurs de demain, les riens du jour même. Alors voila le grand secret de nous, voila le sens perdu, l’enfance, le naïf, l’ingénue, et l’imaginaire si puissant avant que d’être réaliste, voila le cœur en bois, ce chalet de playmobil, ce chalet a construire de trente pièces de bois apte pour moins de cinquante ans, ce cœur où vivre, où l’enfantin vie demain aussi, et tant et tant de merci pour cela, Kramies, tant de merci de nos sacs de billes, tant de merci pour nos innocences.

Merci pour ce cadeau, offrir au monde ce petit peu de nous egaré par-ci par-là, merci pour nous offrir sans retour ce Wooden heart lumineux.

© Guillaume Mazel

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